Le parcours de Caroline Calvé comme athlète de haut niveau est inhabituel. Si la planchiste d'Aylmer parvient à se tailler une place au sein de l'équipe canadienne aux Jeux olympiques de Vancouver, elle aura relevé un défi à sa mesure. Car quand elle entreprend quelque chose dans la vie, elle ne le fait jamais à moitié.

Adepte de ski depuis sa plus tendre jeunesse, ce n'est qu'à 22 ans qu'elle a pris la décision de faire de la compétition en surf des neiges après une profonde réflexion pendant un voyage autour du monde.

«Un ami m'a convaincue de me lancer dans la compétition», se rappelle Calvé, qui a des ascendances algonquine.

«À l'époque, j'étais entraîneure de ski l'hiver, j'avais complété une session à l'université et j'avais ramassé pas mal d'argent en plantant des arbres dans le nord de l'Ontario et en Alberta pour une compagnie de reboisement. J'ai décidé de partir en voyage autour du monde pendant un an avec une amie et de profiter de l'occasion pour réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie.»

Au fil de son périple qui l'a amenée en Australie, en Thaïlande, en Indonésie, en Malaisie, à Hawaii et aux Iles Cook, elle a mûri sa décision.

«J'ai réalisé que je n'avais pas vraiment d'autre but dans la vie que de compléter mon diplôme, de faire mon petit train-train dans la vie. Et ce n'est pas vraiment mon genre. J'avais besoin d'un gros défi.»

Elle reconnaît toutefois qu'il lui a fallu bien soupeser sa décision.

«Ce n'était pas une décision simple. On ne décide pas de se lancer en compétition pendant un an et ensuite de passer à autre chose. Ca ne prend pas une seule année d'expérience pour avoir du succès en compétition. Il faut y mettre du temps et de l'énergie.»

Une fois la décision prise, elle s'est lancée «à 150 pour cent» dans l'aventure.

«Il était important pour moi de me fixer des buts, que ma courbe de progression aille vers le haut. Je pense que ma carrière en surf des neiges est vraiment un succès jusqu'ici.»

Calvé a enregistré sa meilleure performance en carrière en mars dernier en terminant deuxième du slalom géant en parallèle de la Coupe du monde de Valmalenco, en Italie. Du coup, elle a réalisé un des trois critères de sélection en vue des Jeux de Vancouver - il lui faut deux autres top-5 pour confirmer sa place dans l'équipe.

La perspective de disputer ses premiers Jeux olympiques dans son pays l'enchante même si elle reconnaît que la pression sera plus forte, car les performances des athlètes canadiens seront scrutées à la loupe.

«Je préfère toutefois voir le côté positif. C'est motivant de compétitionner devant les nôtres. Tu as envie de prouver ce que tu peux faire.»

Remise en question

En plus de la décider à entreprendre sa carrière de compétitrice, son grand voyage autour du monde l'aura aussi aidé à façonner sa personnalité.

«J'étais confrontée à de grosses remises en question existentielles. Qui suis-je? Qu'est-ce que j'aime? Qu'est-ce que je suis prête à accepter?

«À 21 ans, j'avais tendance à vouloir que tout le monde m'aime. Ce voyage m'a aidée à grandir sur le plan personnel. Que je ne devais pas me forcer pour que tout le monde m'aime tout le temps. J'ai réalisé qu'il est impossible que tout monde nous aime. J'ai pris la décision d'être moi-même et c'est tout.»

Aujourd'hui âgée de 30 ans - elle en aura 31 le 1er octobre - elle sera bientôt confrontée à une autre remise en question. Que fera-t-elle après Vancouver 2010?

«Je ne veux pas trop y penser. Ca me stresse trop. J'ai décidé de me raisonner. J'ai mis tellement d'années pour me rendre aux Jeux que je ne veux pas commencer à me stresser pendant des mois pour savoir ce que je vais faire après.»

Elle n'écarte toutefois aucune option, pas même celle de poursuivre la compétition.

«J'aimerais aussi utiliser mes années d'expérience et en faire profiter à ceux qui pourraient en avoir besoin. C'est une avenue qui m'intéresse.»

Elle pourrait s'inspirer de l'exemple de l'ancienne nageuse synchronisée Sylvie Fréchette, qui est une source d'inspiration pour elle.

«J'ai toujours trouvé qu'elle était une personne extraordinaire. Elle est si gentille, parle avec calme et démontre une telle confiance en elle. J'aimerais devenir plus tard la personne qu'elle est aujourd'hui.»