Il n'est jamais trop tard pour se recycler. Même dans le sport de haut niveau. Dix ans après sa conversion au surf des neiges, Caroline Calvé participera à ses premiers Jeux olympiques à l'âge de 31 ans.

Calvé était convaincue, mais la spécialiste du slalom géant en parallèle a quand même poussé un soupir de soulagement quand elle a reçu la confirmation de sa sélection pour les Jeux de Vancouver, dimanche soir, à Québec, en compagnie des 17 autres membres de l'équipe. Trois autres Québécois en feront partie: le champion du monde Jasey-Jay Anderson et la médaillée olympique Dominique Maltais étaient déjà qualifiés en vertu de leurs résultats l'hiver dernier, tandis que le spécialiste du boarder cross François Boivin a assuré sa sélection cette saison.

«Je ne suivais pas trop le processus», a expliqué Calvé en entrevue téléphonique, hier après-midi, quelques minutes après l'annonce officielle au Capitole de Québec. «Je voulais juste me faire confiance. Je ne doutais pas que j'allais être ici. Innocemment, j'ai toujours eu ce but-là. Je savais que j'allais y arriver.»

Pourtant, Calvé a suivi un parcours peu banal pour se rendre jusqu'aux JO. Skieuse au mont Sainte-Marie, en Outaouais, elle n'avait jamais fait de compétition. Un peu trop gênée, dit-elle. Quand le goût lui a pris, à l'âge de 13 ou 14 ans, il était trop tard.

Elle a continué à skier, a passé ses cours avec succès avant de devenir monitrice de ski. Elle faisait du surf de neige à l'occasion, seulement pour le plaisir. Puis, lors de vacances à Mont-Tremblant à l'âge de 21 ans, c'est un ami, Patrick Gaudet, aujourd'hui entraîneur de l'équipe du Québec de surf des neiges, qui l'a convaincue de tâter de la compétition. «C'est comme un rêve de petite fille que j'avais.»

Ce fut une révélation et, après longue réflexion, l'athlète originaire d'Aylmer a décidé de se lancer. À fond. «Je suis quand même une fille assez déterminée. Quand je veux quelque chose, il n'y a pas grand-chose qui va m'arrêter!»

Calvé savait que le succès ne serait pas instantané, mais le sport était encore jeune et il mariait ce qu'elle aimait déjà: la montagne, le plein air, l'entraînement, le perfectionnement. «Je suis tombée en amour avec le sport», dit-elle.

Participant à sa première Coupe du monde à Whistler en 2003, elle a tranquillement gravi les échelons jusqu'à ce qu'une blessure à un genou ne la stoppe en mars 2008. L'hiver dernier, elle a fini 11e aux Mondiaux de Gangwon, en Corée, avant de monter sur son premier et seul podium de Coupe du monde avec une deuxième place à Valmalenco, en Italie. La convertie tardive serait à surveiller pour l'année olympique.

En décembre dernier, Calvé a donné une autre idée de son potentiel en se classant neuvième au Colorado. Quatrième des qualifications, elle s'en voulait d'avoir raté les quarts de finale en raison d'une chute. Elle s'est reprise à Stoneham dimanche, surmontant une grande nervosité pour finir septième.

La voilà maintenant recrue olympique à 31 ans. «C'est vraiment génial de pouvoir participer à un événement aussi grandiose. Après toutes ces années, j'ai réussi. En fait, j'ai un peu de misère à le vivre. C'est officiel, mais est-ce que je l'apprécie assez?»

Ce doit être parce qu'elle a déjà la tête aux prochaines étapes, comme des épreuves du circuit Nor-Am, en Oregon, au début du mois prochain. Ensuite, place au grand show, où l'équipe canadienne de surf des neiges visera rien de moins que cinq médailles. Calvé se sent déjà d'attaque.

«Les Jeux, soit on y va pour l'expérience, soit on vise le podium, c'est un des deux.» On sait déjà à quelle enseigne elle loge.