Vrai ou faux: au Québec, seule la SAQ peut vendre du vin (autre que les vins dits de dépanneur)?

Vrai. Et faux.

Vrai, tout le vin vendu au Québec passe, à un moment ou un autre, par la SAQ. Vrai aussi, la SAQ empoche son dû sur tous ces vins.

Faux, toutefois, car le monopole d'État n'est pas le seul à parcourir le monde pour dénicher de nouveaux producteurs et importer du vin ici.

Faux, également, la SAQ ne vend pas sur ses tablettes tous les vins écoulés au Québec.

Il y a sur le marché québécois autant, sinon plus, de vin en importation privée que de vin sur les tablettes de la SAQ. Ce réseau reste encore aujourd'hui largement méconnu.

Comment cela fonctionne-t-il?

En gros, le consommateur québécois peut acheter du vin par quatre filières: les vins réguliers en approvisionnement continu à la SAQ; les vins en spécialité à la SAQ; les bouteilles vendues par la SAQ par l'entremise des opérations du Courrier viticoleet, enfin, les importations privées.

Les agences spécialisées dans l'importation de vin trouvent de nouveaux fournisseurs, soumettent des échantillons pour analyse de qualité à la SAQ, qui entrepose ensuite les caisses. Le client entend parler d'un vin ou le goûte dans un restaurant, retrace l'agence qui le représente, lui passe une commande, qui sera livrée dans une succursale de la SAQ près de chez lui. C'est aussi à la SAQ que l'on paie ses commandes d'importation privée.

«C'est simple, explique Pierre Berlichi, du RASPIPAV (le Regroupement des agences spécialisées dans la promotion des importations privées des alcools et des vins), il suffit de savoir compter jusqu'à trois: 1) je magasine 2) j'achète et 3) je vais chercher mes bouteilles. Nous sommes des artisans, des marchands de vin, des cavistes qui apportons une valeur ajoutée à l'offre de la SAQ.»

Simple en théorie mais, en pratique, le problème, c'est la partie 1, c'est-à-dire le magasinage. Où voir la liste des produits offerts? Comment suivre l'arrivée de nouveaux produits ou de nouveaux millésimes? À qui commander?

Le problème, comme on dit dans le jargon informatique, c'est l'interface entre l'offre et la demande.

Les agences d'importation peuvent vendre leurs produits aux restaurateurs ou aux particuliers en passant par la SAQ, mais elles ne peuvent ouvrir une boutique pour écouler leurs stocks. Il serait tellement plus simple de leur permettre d'avoir pignon sur rue à Montréal et à Québec, un endroit où on trouverait une vaste sélection des vins offerts par toutes les agences prêtes à participer financièrement à un tel projet. Cela, malheureusement, n'est pas permis au Québec.

Vous devez donc vous en remettre au site internet du RASPIPAV (www.raspipav.com), qui répertorie les produits des 45 agences membres. Allez-y faire un tour, explorez les produits offerts et profitez-en pour laisser votre courriel aux agences qui vous intéressent pour recevoir leurs offres régulières.

Le site a été amélioré au cours des dernières années, mais il est encore perfectible. On devrait notamment donner les prix des produits et permettre des recherches plus ciblées que seulement vin+rouge+France (c'est vaste, la France!).

Je persiste surtout à croire qu'il faudrait commencer par changer le nom du regroupement. RASPIPAV, ça sonne comme un nom de médicament générique.

Malgré ses problèmes de visibilité, l'importation privée est en pleine croissance au Québec. Il s'est vendu 236000 caisses en I.P. en 2007-2008; ce sera 347000 caisses en 2012-2013, une augmentation de 111000 caisses en cinq ans. Les ventes dans le réseau de la SAQ augmenteront d'environ 3,5% par année contre des prévisions de 8% pour les importations privées dans les années à venir. Le total des ventes est passé de 55 millions en 2008 à 65 millions pour l'année en cours.

Pour vous familiariser avec ce secteur, le RASPIPAV tiendra son salon annuel les 14 et 15 novembre au Marché Bonsecours à Montréal et le 17 novembre à Québec, à l'espace Dalhousie.

Plus de 500 vins de 16 pays à découvrir, représentés par 35 agences et une soixantaine de vignerons de passage pour l'occasion.