Bon pour le pinot noir, moins pour le chardonnay. Les changements climatiques vont transformer les vins de la Bourgogne, affirme une oenologue réputée de cette région. Et les vignerons devront adapter leurs méthodes à mesure que la température monte.

Nadine Gublin était de passage à Montréal cette semaine. Elle vinifie depuis 21 ans les cuvées d'une des plus prestigieuses maisons de la Bourgogne, le Domaine Jacques Prieur. Elle a aussi été élue «vinificatrice de l'année» en 1998 par la Revue du vin de France.

Selon elle, le réchauffement climatique avantage les rouges bourguignons. «C'est hyper bénéfique pour le pinot noir, mais il faut qu'on soit beaucoup plus prudent pour le chardonnay», dit-elle.

Au début de sa carrière, relate-t-elle, les pinots noirs n'étaient pas toujours récoltés très mûrs. Les vendanges s'effectuaient plus tard, entre la fin septembre et la fin octobre. Il n'était pas rare que les raisins soient récoltés avant leur pleine maturité. «Sur les pinots noirs avant 1990, dit-elle, la maturité n'était pas évidente. »

Mais voilà, les changements climatiques affectent déjà son travail. Depuis quelques années, les raisins mûrissent plus vite en raison des étés plus chauds. Les vendanges ont lieu plus tôt.

Si bien qu'en juillet, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne prévoyait que les premiers coups de sécateurs seraient donnés dès août. Au cours des trois derniers siècles, une récolte si précoce n'a eu lieu qu'à cinq reprises.

Le réchauffement du climat est toutefois moins favorable à l'autre grand cépage bourguignon, le chardonnay.  Selon Nadine Gublin, les températures plus chaudes ont fait augmenter d'un degré le taux d'alcool dans les vins blancs de cette région depuis 15 ans. La raison est simple: le taux de sucre dans les raisins a grimpé.

«Le chardonnay, on peut vite basculer en surmaturité. Chose qui n'arrivait pas avant, explique Nadine Gublin. Ça exige de la part du producteur, du vinificateur, beaucoup plus de précision.»

Les chardonnays de la Bourgogne sont reconnus pour être vifs et tendus en bouche. Des caractéristiques qui sont liées en partie au climat frais de cette région. L'oenologue reconnaît néanmoins que ce cépage s'adapte dans une multitude de terroirs et de climats. Elle pense entre autres à la Californie. Elle croit que les vignerons bourguignons sauront adapter leur méthode de travail à ces nouvelles conditions.