L'hiver est à peine commencé que certains vignerons s'affairent déjà aux vendanges pour leurs vins de glace. C'est le cas du vignoble de la chapelle Sainte-Agnès en Estrie et dans trois domaines de la vallée de l'Okanagan où les premiers coups de sécateurs ont été donnés sur les grappes gelées.

Très tôt mardi matin, John Anthony du vignoble de la chapelle Sainte-Agnès a récolté ses raisins de gewurztraminer. Le domaine situé à Freligshburg se spécialise depuis 11 ans dans l'élaboration de vin de glace. Et la récolte de novembre 2011 sera inscrite dans les anales du vignoble comme la plus précoce de son histoire.

«Nous avons commencé après minuit mardi. Il faisait autour de -8. Mais la température la plus froide a été de -10 degrés vers 6h30 du matin», dit-il.

John Anthony cultive la même variété de cépages que ceux que l'on retrouve en Europe. Plus sensibles au froid que les vignes généralement plantées au Québec, ces variétés doivent être vendangées rapidement pour que l'on puisse ensuite les protéger des grands gels.

À quelques kilomètres de là, au vignoble du Marathonien, Jean Joly croit quant à lui qu'il est encore trop tôt pour commencer les récoltes. Il estime que les raisins doivent geler et dégeler plusieurs fois avant de procéder à leur cueillette.

«Ça va prendre d'autres gels, d'autres températures en dessous de -8», explique le vigneron. Jean Joly prévoit procéder à ses premières récoltes de vin de glace au cours des prochaines semaines.

À l'autre bout du Canada, en Colombie-Britannique, ils sont trois vignobles à avoir sorti les sécateurs samedi dernier. Après la vendange de 2003 qui a eu lieu le 5 novembre, celles de 2011 sont les plus hâtives de l'histoire de la province.

C'est grâce à une semaine de températures froides que le domaine Summerhill Pyramid a pu débuter ses premières vendanges de vin de glace. La variété récoltée a été le riesling.

«Nous avons environ 15 acres de vignes au domaine, explique le directeur général de Summerhill Pyramid, Ezra Cires. Seulement trois acres ont été vendangées lors de la première vague de froid. Les nuages sont sortis et nous étions inquiets que la température remonte. On a donc arrêté de récolter et on a pressé les raisins.»

Linsay Kelm, directrice des communications à la British Columbia Wine Institute explique qu'il y a des avantages à récolter plus tôt dans la saison. Plus les fruits restent longtemps sur les vignes, plus les quantités diminuent, puisque les raisins sont souvent pillés par les animaux.

Autre avantage, en vendangeant plus tôt, les vignerons s'assurent que leurs raisins ne sont pas atteints par la pourriture.

Autant au vignoble de la chapelle Sainte-Agnès qu'à celui de Summerhill Pyramid, on se dit satisfait des premiers jus de raisins pressés. Il faut maintenant attendre la fermentation.