Ne soyez pas surpris si l'on vous propose des vins en fût coulés comme de la bière. C'est que trois bars du Québec proposent désormais des vins en fût comme le font déjà de nombreux établissements américains.

Jean-François Bieler est à la tête de l'entreprise québécoise Versay. Il est le premier à offrir des vins en fût dans la province. Le jeune entrepreneur s'est inspiré de son cousin qui est impliqué dans cette industrie à New York.

«Le principe est d'offrir des vins de qualité, dit-il. Ce ne sont pas des vins qui sont faits pour vieillir. Ils sont prêts à boire. S'ils étaient en bouteille, ils se situeraient autour de 20$ l'unité.»

La compagnie importe deux vins américains, soit un cabernet sauvignon 2009 de Californie et un chardonnay 2010 de la région de Monterey. Les cuvées sont placées sous vide dans des fûts de 19,5 litres, soit l'équivalent de 26 bouteilles.

Contrairement aux vins qui s'oxydent dès que la bouteille est ouverte, le système de fûts protège le liquide de l'oxygène. Le goût de la cuvée reste ainsi le même pendant plusieurs mois. C'est d'ailleurs pour cette raison que le bar le Diable à quatre à Montréal a choisi la technologie de Versay.

«Le produit goûte la même chose pendant six mois, explique David Simonneau du Diable à quatre, versus des bouteilles que l'on ouvre et qui sont bouchonnées. Aussi, le produit n'est pas toujours régulier d'une bouteille à l'autre.»

Philippe Demers, propriétaire du bar le Saloon rue Ste-Catherine à Montréal, offre lui aussi les vins en fûts. Il raconte que ses serveurs doivent d'abord expliquer le concept à ses clients.  

«Les serveurs font une bonne vente du produit, dit-il. Ils expliquent que c'est un vin avec un millésime. Un vin de grande qualité qui vient d'un endroit précis. Donc qui n'est pas un assemblage de plusieurs cépages comme c'est le cas des viniers.»

Jean-François Bieler estime que les établissements économisent autour de 20% sur le coût de leurs vins en se les procurant en fût. Ils n'ont plus à gérer les bouteilles vides ou entamées. Et à son avis, la technologie est plus écologique.

Pour les amateurs de vin, par contre, les produits de Versay ne sont pas une aubaine. Aussi bien au Club touriste de Valleyfield que dans les deux bars de Montréal qui les proposent, un verre de rouge ou de blanc coûte en moyenne 9$, un prix similaire aux vins en bouteille.

Dans quelques mois, Versay ajoutera deux nouveaux vins à son concept. Il s'agit d'un sauvignon blanc de Monterey et un assemblage de syrah, de merlot et de cabernet sauvignon de la région de Washington. Jean-François Bieler promet des cuvées de France et d'Italie l'été prochain. Il est aussi en négociations avec d'autres établissements pour implanter son système.