Québec s'étonne de n'avoir pas été prévenu du projet de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) de revoir la définition du vin de glace, une réforme qui empêcherait les vignerons québécois d'utiliser l'appellation.

Au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), le responsable du dossier des vins québécois, Pierre Thibault, est surpris. Il a lui aussi appris par voie de communiqué le 16 janvier que l'ACIA souhaitait règlementer le vin de glace au pays. Selon cette définition, seules les cuvées élaborées avec des raisins gelés naturellement sur la vigne auraient droit à l'appellation «vin de glace». Ce qui laisse croire que les vins québécois n'auraient plus droit à cette mention.

«Sincèrement pour nous, c'est une surprise», dit-il.

Au Québec, les vignerons vendangent les raisins à l'automne. Ils les déposent ensuite dans des filets accrochés au-dessus des vignes jusqu'à la récolte d'hiver. Les producteurs expliquent que cette méthode leur permet de protéger la plante du froid sans endommager les raisins. Ils ajoutent que cette façon de faire n'affecte en aucun cas la qualité de leurs cuvées.

Mais l'Ontario et la Colombie-Britannique ne sont pas d'accord. Selon la directrice des appellations des vins de l'Ontario (VQA), Laurie Macdonald, les raisins doivent rester attachés à la vigne jusqu'à la vendange. Elle ajoute que la plante continue de nourrir les fruits, même si elle est en dormance pendant l'hiver.

Au MAPAQ, on réfute cette croyance. «Quand les feuilles sont tombées, il n'a plus de sève», soutient le responsable du dossier au ministère, Pierre Thibault.

L'ACIA se défend d'avoir exclu le Québec. En entrevue à La Presse, la porte-parole Marie-Claire Hurteau a indiqué que les provinces et les producteurs de vins seront consultés. Elle a aussi laissé entendre que le délai de 30 jours imposé dans le communiqué de presse est une première étape aux discussions. Les cuvées élaborées au Québec pourraient donc continuer d'être commercialisées sous la mention «vin de glace» après le 14 février.

Marie-Claire Hurteau a ajouté ne pas être en mesure de savoir si cette nouvelle définition du vin de glace comprend la mise en filet utilisée au Québec.

Un appui de taille

Selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la méthode québécoise est conforme à la définition internationale. Dans le règlement voté en 2003, on précise que «les raisins utilisés dans les productions de vin de glace doivent être gelés lors de la vendange et pressés dans cet état.»

Joint à son bureau à Paris, le directeur général adjoint de l'IOV, Yann Juban, croit «que ce procédé-là (la mise en filet québécoise) est compatible avec la définition de l'OIV.» Le spécialiste ajoute que le Canada a été consulté lors de la rédaction de cette définition internationale.