L'Alsace a son riesling. La Nouvelle-Zélande a son sauvignon blanc. Et si le rêve d'un scientifique se réalise, le Québec aura son Saint-Cliche.

Alain Breault connait par coeur les cépages québécois. Dans son champ situé à St-Paul-d'Abbostford, il cultive la vigne et expérimente les nouvelles tendances depuis 30 ans. Selon cet expert, le cépage le plus prometteur est le Saint-Cliche.

«C'est peut-être le blanc à tout faire que l'on attendait», dit-il.

Les qualités de ce nouveau cépage sont nombreuses. Il est plus résistant aux maladies, plus hâtif, les fruits ne tombent pas quand ils sont mûrs et son goût est moins acide. Si sa croissance continue d'être aussi performante, Alain Breault croit qu'il remplacera le Vandal-Cliche.

Le créateur de ce nouvel hybride est aussi fort enthousiaste. Professeur à la retraite de l'Institut de technologie agroalimentaire de St-Hyacinthe, Mario Cliche a croisé en 2003 le Vandal-Cliche et le Maréchal Foch. Et c'est par hasard qu'il a élaboré ce raisin blanc.

«Mon but, je l'ai raté d'une certaine façon, explique le créateur du cépage Mario Cliche. Je voulais développer un cépage rouge hâtif. Et les rouges qui sont sortis de cette hybridation n'étaient pas intéressants. Mais il y avait aussi un blanc, le Saint-Cliche.»

L'agronome Gaëlle Dubé a d'ailleurs analysé cet hybride. Selon elle, c'est un cépage assez aromatique avec des notes d'agrumes comme le pamplemousse rose, de pommes jaunes et de miel. Elle juge aussi que les grappes sont très généreuses, jusqu'à 400 grammes chacune. Selon la spécialiste, le Saint-Cliche sera une nouvelle alternative aux variétés déjà disponibles.

Mais il a un autre avantage. Contrairement au Vandal-Cliche qui s'adapte presque exclusivement dans la région de la capitale nationale, Alain Breault croit que le Saint-Cliche pourra être cultivé dans différentes régions.

Plus de huit ans après sa création, le cépage n'est toujours pas breveté. Selon les spécialistes, les plants doivent passer une batterie de tests avant d'être mis sur le marché. Quelques vignobles partout dans la province ont d'ailleurs accepté de le planter sur leur domaine.

C'est le cas de Gilles Benoît, au vignoble des Pins, qui cultive une cinquantaine de plants de ce nouveau cépage. Il croit qu'il fera sa première récolte l'an prochain.