La Société des alcools du Québec (SAQ) prétend depuis deux ans ne pas avoir payé pour les dégustations du critique américain James Suckling, qu'elle utilise dans l'une de ses campagnes de promotion. Or, contrairement à ce qu'elle avance, elle a payé près de 24 000$ pour les services de cet ancien chroniqueur du Wine Spectator.

La campagne de promotion de la SAQ axée sur les notes du spécialiste James Suckling suscite des critiques auprès des chroniqueurs d'ici, qui ont vu un affront dans ce partenariat. D'autres observateurs ont critiqué la grille d'évaluation des vins de Suckling.

Face aux critiques, la société d'État a toujours prétendu n'avoir pas payé le chroniqueur américain pour ses notes de dégustation. On peut d'ailleurs lire sur le site Internet de la SAQ que « M. Suckling n'a pas été rémunéré par la SAQ pour effectuer ces dégustations ».

Pourtant, selon les documents obtenus par La Presse en vertu de la loi d'accès à l'information, l'ancien collaborateur du magazine Wine Spectator a reçu 18 000$ de la SAQ depuis novembre 2010 pour « la dégustation et la notation de produits, la production, la création et l'animation de capsules vidéos ».

On apprend également que la SAQ a acheté des abonnements au site internet de James Suckling pour 119 de ses succursales, au coût de 5950$, «afin de promouvoir cette association».

Le porte-parole de la SAQ, Renaud Dugas, soutient ne jamais avoir caché que M. Suckling avait reçu un cachet. Le critique aurait d'ailleurs été payé seulement pour la deuxième année de son contrat. Renaud Dugas précise que l'expert américain a lui-même déboursé les frais de transport et d'hébergement liés à ce partenariat, et qu'il a seulement été payé pour la production, la réalisation et l'animation des capsules vidéos.

Il ajoute que les abonnements au site de Suckling n'ont rien d'inhabituel. Il explique que la SAQ achète aussi tous les guides des chroniqueurs québécois pour ses succursales. Renaud Dugas affirme que la SAQ s'est procurée pour 26 000$ de guides pour l'année en cours.

«Si on se penche sur le cas des chroniqueurs québécois, dit-il, on constate qu'on a une commandite pour l'émission Papilles de François Chartier. On a aussi financé les capsules de Jacques Orhon, et de Jessica Harnois.»

L'entente conclue entre la SAQ et M. Suckling se termine en novembre 2013.

- Avec la collaboration de William Leclerc