Les fidèles de Saint-Hyacinthe ne remarqueront sans doute pas le changement. Mais lorsqu'ils se lèveront pour communier à la fin de la messe, le sang du christ ne sera plus le même.  Le diocèse s'apprête à changer le vin qu'il utilise pour ses cérémonies. Il utilisera un vin produit au Québec.

Trois cuvées du Domaine des Côtes d'Ardoise, à Dunham, seront utilisées comme vin de messe dans la province, à partir du mois de juin.

Le vin utilisé dans les églises québécoises pour commémorer le dernier repas de Jésus-Christ vient présentement de la Californie.

L'idée semblait absurde à Norman Lévesque, directeur du programme Église verte.

«Je prends pour acquis que lors de son dernier repas, Jésus a pris un vin local, explique-t-il. Donc, je voulais encourager les églises à utiliser aussi un vin local.»

Mais son projet ne s'est pas concrétisé par miracle. Trouver un vignoble qui accepte d'écrire «vin de messe» sur ses bouteilles a eu l'allure d'un véritable chemin de croix, raconte M. Lévesque. «Aucun vignoble ne voulait une mention religieuse sur ses produits», dit-il.

C'est finalement Steve Ringuet, du Domaine des Côtes d'Ardoise, qui a accepté de changer la vocation d'une partie de sa production.

«Que l'Église nous approche avec une idée qui encourage autant l'économie locale que la préservation de l'environnement, ça nous a surpris», confie le vigneron. Le choix des cuvées s'est arrêté sur deux vins fortifiés, Estafette en blanc et en rouge, et Douceur d'Ardoise, un vin de vendange tardive. Selon la tradition, les vins de messe doivent être doux, mais sans ajout de sucre et les raisins doivent provenir du vignoble.

Puisque le Domaine des Côtes d'Ardoise se situe à Dunham, c'est l'évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe qui a remis l'approbation de la mention «vin de messe» la semaine dernière.

«La première étape était que le diocèse accepte, explique Steve Ringuet. Maintenant que c'est fait, il ne reste plus qu'à imprimer les étiquettes et à le mettre en vente.»

Le diocèse de Saint-Hyacinthe s'est engagé à utiliser les cuvées québécoises pour ses célébrations même si le coût des bouteilles sera d'au moins 50% plus cher que les californiennes.

Bien que le marché des «vins de messe» au Québec peut sembler lucratif avec les 1 400 lieux de culte catholiques qui utilisent environ une bouteille par semaine, Steve Ringuet garde les pieds sur terre.  «On va s'ajuster avec la demande. On n'a aucune commande pour le moment. C'est tout nouveau!»

Les amateurs de vin qui ne fréquentent pas les églises de Saint-Hyacinthe pourront se procurer les cuvées au Domaine des Côtes d'Ardoise.

Norman Lévesque espère convaincre la SAQ de les distribuer dans ses succursales.