Les terres d'Anapa près de la mer Noire en Russie se transforment en véritable région vinicole. Et c'est grâce à une dizaine de Français qui font la liaison Paris-Moscou si le vin russe gagne en qualité.

Frank Duseigneur a adopté la Russie. Il veille chaque jour sur les vignes du domaine Grand Vostock depuis maintenant huit ans. Dans les champs, le chardonnay, l'aligoté et le sauvignon blanc, cultivés dans l'hexagone, poussent aux côtés des cépages locaux tels le rkatsiteli et le krasnostop. Au total, c'est 250 hectares de vignes qui sont en production.

«Les premiers millésimes n'étaient pas fantastiques, avoue-t-il. Si on fait une verticale (une dégustation du même vin, mais d'années différentes), c'est sûr qu'il y a des années un peu moins bonnes. Mais aujourd'hui, on fait de grandes choses !»

Sa cuvée Chêne Royal se trouve d'ailleurs sur la carte du restaurant le Pressoir d'Argent à Bordeaux. L'établissement demande 150 euros (210$) pour la bouteille de vin russe.

Frank Duseigneur n'est pas le seul Français à croire au potentiel de la région vinicole d'Anapa. C'est le cas d'Alain Dugas directeur du Château La Nerthe à Châteauneuf-du-Pape qui a mis sur pied depuis 2005 le domaine Gaï Kodzor.

«Les Grecs avaient planté les premières vignes dans cette région avant Jésus-Christ, explique-t-il. Alors, il y a des terroirs qui sont très intéressants autour de la mer Noire. Et selon une étude que nous avons commandée à un institut de Bordeaux, les sols près d'Anapa se rapproche à ceux de la Provence.»

Il n'en fallait pas plus pour que le passionné y plante près de 15 variétés de cépages cultivés dans la Vallée du Rhône. Aujourd'hui, le domaine s'étend sur 70 hectares et produit 300 000 bouteilles par année.

«Et on a un certain succès ! Lors de la dernière rencontre entre Poutine et Berlusconi, on leur a servi des vins de chez nous», raconte fièrement M. Dugas.

Mais la partie est loin d'être gagnée partout en Russie. Selon Frank Duseigneur, les russes lèvent le nez sur les vins de chez eux. Il est vrai qu'après l'arrachage des vignes dicté par l'ancien président Gorbatchev il y a 25 ans, la viticulture russe renaît lentement depuis les années 2000.

Malgré tout, des oenologues de Champagne et de Bordeaux font eux aussi la navette jusqu'à Anapa. Avec les nouvelles plantations, ils espèrent produire leurs vins à temps pour les Jeux olympiques d'hiver qui se tiendront à Sotchi en 2014.