Qui, des Québécois (avec leur SAQ) ou des Ontariens (avec leur LCBO), profite de la meilleure offre pour acheter les fameux bordeaux primeurs 2009 (ces vins encore en barrique, que l'on réserve, moyennant un dépôt, trois ans avant de les recevoir)?

Pour la quantité, les Ontariens, sans l'ombre d'un doute. Côté prix, toutefois, léger avantage à la SAQ, comme c'est historiquement le cas.

Il reste que la différence, en nombre de produits, entre la SAQ et sa cousine ontarienne est tout de même renversante: 292 vins de bordeaux, y compris la «périphérie» (Côtes de Castillon, Côtes de Blaye, Premières Côtes de Bordeaux, par exemple, et pas seulement les appellations prestigieuses des deux rives), contre environ 130 pour la SAQ.

Différence fondamentale d'approche, la LCBO met tout (grands crus classés, grands crus, AOC, vins des appellations périphériques) dans son catalogue primeurs 2009, d'où le total affolant de 292, alors que la SAQ ne met que la crème, soit 70 produits. Pour arriver à 130 vins, il faut ajouter les bordeaux offerts le printemps dernier en ligne. D'ailleurs, avant de passer votre commande à partir du seul catalogue Primeurs, allez faire un tour sur le site de la SAQ pour jeter un oeil aux «produits résiduels» de l'opération Bordeaux 2009. Vous y trouverez de superbes vins, beaucoup moins chers que les canons du catalogue. (Bonne chance pour vous y rendre, toutefois, ça prend presque un GPS pour naviguer sur ce site! Passez par l'onglet «Courrier vinicole» ou appelez directement au service à la clientèle pour que l'on vous envoie la liste d'une trentaine de très belles bouteilles à prix, ma foi, abordable.) Il faut saluer l'effort de la SAQ, qui a essayé cette année de passer à l'ère 2.0 pour son offre de bordeaux primeurs 2009 en mettant en ligne des produits très tôt, mais la formule, de toute évidence, a besoin de raffinement.

La SAQ devrait, d'abord, permettre à ses clients de retracer leurs commandes en quelques clics de souris, ce que toute entreprise permet de faire (les compagnies aériennes, notamment). Si vous commandez, en avril 2010, des bouteilles qui ne vous seront livrées qu'à l'automne 2013, il y a de fortes chances que vous ne vous souveniez pas très bien des détails de cette commande lorsque vous recevez un nouveau catalogue de 70 vins en août 2010.

Comme c'est généralement le cas pour les vins de prestige, la SAQ s'en tire mieux que la LCBO. Quelques exemples:

- Château Haut-Brion: 1375$ à la SAQ; 1395$ à la LCBO;

- Château Ausone 2135$ à la SAQ; 2149$ à la LCBO;

- Château Cheval Blanc: 1585$ à la SAQ; 1595$ à la LCBO;

- Pétrus: 1475$ à la SAQ; 1495$ à la LCBO;

- Château Lafite-Rothschild: 1250$ à la SAQ; 1275$ à la LCBO;

- Château Latour: 1375$ à la SAQ; 1395$ à la LCBO;

- Cos d'Estournel: 480$ à la SAQ; 495$ à la LCBO;

- Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande: 295$ à la SAQ; 295$ à la LCBO;

- Château Clinet: 170$ à la SAQ; 175$ à la LCBO;

- Château Léoville-Barton: 145$ à la SAQ; 149$ à la LCBO;

- Château Sociando-Mallet: 65$ à la SAQ; 65$ à la LCBO;

- Château Cos Labory: 55$ à la SAQ; 56$ à la LCBO;

- Un rare contre-exemple: Château Pindefleurs: 33$ à la SAQ; 23$ à la LCBO.

Détail non négligeable: la LCBO oblige ses clients à commander par lots de trois bouteilles alors que la SAQ n'impose pas de minimum.