Avec le jambon, l'agneau est la viande qui se retrouve traditionnellement sur la table, à Pâques. Bien qu'ici, au Québec, plusieurs gourmands résistent encore aux charmes d'un bon gigot.

L'agneau est beaucoup plus cher que les trois viandes les plus populaires au Québec: le boeuf, le poulet et le porc, dans l'ordre, bien que son prix, par kilo, soit en diminution. La consommation canadienne et québécoise de viande ovine (agneau et mouton) est plus du double de celle des Américains. Mais elle est quand même nettement sous la moyenne mondiale, nous apprend la Monographie de l'industrie ovine au Québec du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le MAPAQ.

En Nouvelle-Zélande, le royaume de l'agneau, la consommation per capita est la plus élevée du monde. On mange 16,8 kg d'agneau par personne, chaque année. Ici, cette consommation moyenne est légèrement au-dessus du kilo par année. Par personne !

« C'est une question de traditions », explique Daniel Ouellet de la Bergerie du gigot giguant de Sainte-Angèle-de-Mérici. Ou plutôt, d'absence de tradition. Dans les années 70 et 80, l'agneau mangé ici était généralement importé de Nouvelle-Zélande. Et en campagne, quand on mangeait de l'agneau, explique le producteur ovin, il s'agissait de la vieille brebis à laine qui arrivait à la fin de ses jours. Comparé au goût fade du boeuf, celui d'un vieux mouton ou de viande importée est assez marquant. « C'est comme si on ne mangeait que de la vieille vache quand on mange du boeuf, dit Daniel Ouellet. Et en plus, on ne savait pas comment l'apprêter, alors on le faisait cuire comme du boeuf. »

La consommation canadienne de viande ovine est toutefois en hausse. Entre 2000 et 2007, elle a augmentée de 41 % pour atteindre 1,24 kg par personne. Agriculture Canada prévoit que la viande d'agneau continuera d'augmenter pour encore une bonne dizaine d'années. Preuve que les goûts des Québécois se raffinent, explique-t-on. Les jarrets d'agneau contiennent moins de gras, mais les côtelettes et les gigots sont les coupes les plus populaires.

Et on les mange au restaurant beaucoup. Dans 40 % des cas. « Les gens sont intimidés par l'agneau, dit le producteur Daniel Ouellet. Alors ils aiment mieux les manger au restaurant où ils sont certains qu'il sera bien apprêté. » Ce qui explique, en partie, une autre statistique contenu dans le document du MAPAQ : les amateurs d'agneau ont des revenus plus élevés et en général, un niveau de scolarité aussi plus élevé.

Mais ce qui est le plus notable dans le cas de l'agneau est bien évidemment l'origine du mangeur : 65 % des Québécois d'origines arabes disent manger de l'agneau, 53 % des gens d'origines européennes sont aussi des amateurs, alors que parmi les répondants qui se sont décrits comme des Québécois de souche, la proportion passe à seulement 23 %.