Malgré la crise, la vogue du commerce équitable ne s'essouffle pas. Un nouveau sondage international révèle que dans certains pays européens, en 2008, l'augmentation des ventes de produits certifiés est carrément phénoménale. Jusqu'à 75% de hausse dans un pays comme la Suède. Aux États-Unis, l'augmentation était de 10% l'année dernière comparativement à 2007. Partout, les résultats sont positifs.

Pourquoi? Dans son analyse, l'Organisation internationale des accréditations équitables, qui a réalisé le sondage, explique que les gens qui sont habitués d'acheter des produits certifiés continuent d'être sensibles à cette valeur malgré la crise. Et peut-être même plus avec la crise. «Avec les effets dévastateurs de la récession et de la crise du crédit, les producteurs ont besoin du commerce équitable plus que jamais», écrit le directeur du groupe, Rob Cameron, dans un communiqué.

 

«Le choix équitable est plus important que la dimension prix pour ces consommateurs qui sont généralement dans la portion plus instruite de la société», confirme Corinne Gendron, professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l'UQAM, qui vient de faire paraître le livre Quel commerce équitable pour demain?

Il faut aussi noter que l'offre des produits équitables s'est décuplée ces dernières années. Les vêtements certifiés sont de moins en moins rares. Des multinationales de l'alimentation s'y mettent aussi. Dans certains marchés, le café de McDonald's est certifié équitable. Cadbury a aussi annoncé en mars dernier qu'il commençait à utiliser du cacao équitable pour faire des tablettes de chocolat Dairy Milk. En Grande-Bretagne d'abord, puis dans tous les marchés ensuite, graduellement. C'est autant de consommateurs qui commencent à acheter des produits certifiés. Et certains, à leur insu.

Cette démocratisation de l'équitable est une bonne nouvelle, estime Corinne Gendron. C'est très bien de voir des grandes entreprises adhérer au mouvement, mais si ensuite le produit se retrouve perdu sur une tablette dans une grande surface, on y perd dans la mission d'éduquer le consommateur que s'est aussi donnée le mouvement.

Alors, le commerce équitable vit-il une crise de croissance?

«Il faudrait prendre un temps d'arrêt, conseille Corinne Gendron. Il faut que le mouvement équitable regarde son succès, y réfléchisse et se lance dans une seconde vague.»

Ce sera certainement un sujet de discussion à la Quinzaine du commerce équitable qui a débuté hier, partout en province. À Montréal, une foire regroupe des commerçants aujourd'hui. Des discussions, conférences et même dégustations sont aussi au menu. Équiterre donne toutes les informations sur son site et a produit un guide d'achat des produits certifiés disponibles au Québec, qu'il s'agisse d'artisanat ou de bouteilles de vin.