La météo d'automne au début de l'été a fait pester bon nombre de vacanciers, mais pour certains producteurs maraîchers, elle a tout simplement massacré leur saison de fraises.

Une saison à oublier, avoue André Cormier, de L'Assomption, qui fait de la culture de fraises depuis une trentaine d'années. «Je n'ai vu que deux années aussi mauvaises en 30 ans», calcule-t-il, incluant celle-ci. Il ne reste que quelques jours à la saison des fraises «conventionnelles» dans plusieurs régions. Les fraises d'automne sont déjà dans les champs, mais pour les producteurs qui ne se sont pas convertis à ces variétés tardives, les pertes s'élèvent à 30% ou même 40%, estime M. Cormier.

 

En Gaspésie, où la saison commence à peine, on juge les pertes du même ordre. «La qualité des fruits est très bonne, mais avec le froid, la pollinisation s'est moins bien faite», explique Pierre Bourdages, important producteur de fraises et de vin de fraises de la baie des Chaleurs.

Le mauvais temps n'a pas qu'endommagé les fruits, il a aussi refroidi les ardeurs des familles qui font de la sortie aux fraises une activité annuelle. «La température, c'est ce qu'on ne maîtrise pas, nous, les producteurs», estime pour sa part Dominique Hébert, de Saint-Valentin, en Montérégie. La productrice reste positive: oui, il y a eu beaucoup de pluie, mais s'il avait fait chaud en plus, les fraises auraient pourri dans le champ. La fraîcheur les a en partie conservées, dit-elle.

Ce qui n'a pas empêché certains consommateurs de se plaindre de fruits plus mous et de fraises qui goûtaient l'eau. Dans la région de Québec, notamment, où les pluies ont fait mal à la célèbre fraise de l'île d'Orléans.

Les pertes ont aussi maintenu les prix élevés. Dans certaines régions, les fraises du Québec faisaient pitié en fin de journée, à côté des fraises américaines plus fermes et moins chères dans les supermarchés.

Heureusement, certaines régions ont été épargnées. Dans les champs de Louis Bélisle, à Saint-Eustache, les nouvelles fraises d'automne sont sucrées et fermes. Le vice-président de l'Association des producteurs de fraises et framboises du Québec pense avoir fait d'excellentes affaires depuis le début de la saison, en partie à cause de la récession. «Nous avons eu plus de gens que d'habitude pour l'autocueillette parce que les familles sont restées au Québec. Les fraises, c'est une sortie familiale moins dispendieuse. Les gens restaient plus longtemps. Ils faisaient des pique-niques.»

Le producteur conseille aux consommateurs qui ont été déçus de leurs fraises des derniers jours de récidiver maintenant, avec la fraise d'automne. «Elle est superbe et elle fait de meilleures confitures parce qu'elle reste ferme à la cuisson», précise Louis Bélisle. La fraise d'automne se récolte jusqu'à la fin du mois d'octobre. Parfois même jusqu'au début du mois de novembre.

Et les framboises?

La pluie des dernières semaines ne devrait pas trop détériorer la saison des framboises, qui est commencée depuis quelques jours au sud du Québec. L'eau a plutôt aidé à la croissance des plants. Il reste maintenant à souhaiter du soleil, pour le mûrissement de la framboise.