Dans un monde idéal, on ferait tous nos propres conserves de tomates en septembre, on n'achèterait que du bio et on irait chercher nos légumes et notre viande chez un agriculteur de la région pour en faire des ragoûts aromatisés aux herbes du jardin... Sauf que cela demande beaucoup de temps et d'argent, deux choses qui nous manquent terriblement. Pour la plupart d'entre nous, l'heure est plutôt au compromis, avec arrêt au supermarché à la recherche de produits pas trop chers et pas trop mal. Notre chroniqueuse Marie-Claude Lortie a demandé à quelques chefs de nous aider à tirer le maximum des courses dans les grandes surfaces.

Quand le chef Martin Picard a envie d'un repas minute, à la maison, avec ses enfants, il ne se tartine pas un peu de foie gras de son restaurant le Pied de cochon sur une tranche de pain bio. Il ouvre plutôt une boîte de sardines, y saupoudre un peu de sel et asperge le tout de jus de citron. «Pour nous, c'est un trip à vie», dit le chef, qui achète ses sardines préférées à la boucherie Iasenza, avenue Papineau. «Je le fais avec du maquereau en boîte, aussi.»

Stelio Perombelon, chef du restaurant Les Cons Servent, aime bien quant à lui remplir son congélateur de petits fruits congelés de marque Europe's Best, achetés au supermarché, pour se faire un «crumble» de dernière minute. Ou alors, toujours au rayon des surgelés, il choisit les petits pois verts Arctic Garden. «Ils sont parfaits pour faire un velouté.»

De Josée di Stasio, qui avoue travailler avec du pesto de la Maison Le Grand déjà préparé à Alexandre Loiseau, qui a même recours au Bovril quand il doit travailler avec des budgets très limités - en plus de diriger les fourneaux de Cocagne, il cuisine avec des jeunes défavorisés - en passant par Daniel Vézina, qui admet avoir récemment été impressionné par des crevettes tempura surgelées, les chefs ne sont pas tous des puristes rigides hors de leur restaurant.

Autant, quand ils sont dans leur établissement, ils insistent pour que leurs produits soient toujours parfaits, donc régionaux, autant que possible bios, de première qualité et d'une fraîcheur hors de tout doute, autant quand ils reviennent à la maison, ils se mettent au diapason du reste du monde et acceptent de manger des plats simples, préparés avec des ingrédients trouvés chez Metro ou IGA.

IDÉES-RECETTES

Alexandre Loiseau

Cuisiner maison, ça ne coûte pas cher, explique M. Loiseau. Encore faut-il avoir du temps. Si on n'en n'a pas, on peut prendre quelques raccourcis. Au lieu d'utiliser des pois chiches secs pour un humus, par exemple, on peut en faire un très rapidement avec des pois chiches en conserve du supermarché, de l'huile d'olive, du sel et du jus de citron.

Le concentré de bouillon de poulet en vrac, que l'on trouve dans les sections «produits naturels» des supermarchés ou dans les épiceries bios peut aussi donner des «résultats étonnants» si on n'a pas le temps de faire son propre bouillon. «Même l'ail concassé en pot peut dépanner», assure le jeune chef.

Par contre, il dit ne jamais acheter de viande dans les grandes surfaces, soulignant qu'elles sont souvent traitées dans des solutions qui les font gonfler artificiellement.

Stelio Perombelon

Pour le chef des Cons Servent, il y a tout à fait moyen de se cuisiner un bon repas avec des produits trouvés au supermarché du coin. Le truc, c'est de savoir quoi choisir. «J'adore, par exemple, les produits de base comme les légumineuses Bioitalia et je suis un grand fan des produits Sans Nom de Loblaws», dit-il. Parfois, il va même jusqu'à acheter des produits déjà préparés, comme le humus Fontaine Santé ou même les nouvelles gammes de potages Knorr, Campbell ou V8. «Il y a des trucs comme un velouté d'asperge au basilic ou une soupe carotte-coriandre et c'est vraiment pas trop industriel.»

Les tubes de pâte de tomate font aussi partie de sa liste d'épicerie, tout comme le pesto Cirio.

Daniel Vézina

Daniel Vézina a encore un lien très fort avec les plats de son enfance et ce sont souvent ceux qu'il cuisine lorsqu'il fait ses courses au supermarché. «Moi, j'ai un plat que j'adore, du vrai comfort food, et c'est le macaroni au jus de tomate», raconte-t-il.

La recette : il ajoute tout simplement du jus de tomate en boîte aux pâtes cuites, avant d'y ajouter une bonne dose de beurre, et ensuite saler et poivrer. «Le truc, c'est de les manger sur-le-champ», dit le chef en riant.

Si on veut préparer un plat pas cher, à partir de produits que l'on trouve facilement au Provigo ou au IGA du coin, il recommande d'acheter des poireaux, qui ne sont pas chers à l'automne car ils sont en saison (un par personne), pour ensuite les couper en trois, les blanchir, enrouler chaque tronçon dans une tranche de jambon, arroser le tout de béchamel, couvrir de fromage et faire gratiner au four.

Et deux derniers trucs : si on veut sauver un peu d'argent, pourquoi ne pas acheter des hauts de cuisse ou des pilons à la place des blancs de volaille? Et le secret le mieux gardé d'un chef qui n'a pas le temps de se faire un fond de volaille : une boîte de sauce à «hot chicken» Esta!

 

 

Quelques trouvaillesAlexandre Loiseau, de Cocagne, aime bien les produits Choix du président - notamment le beurre bio de culture. Personnellement, j'aime bien la crème glacée aux torsades de fudge de la même marque (premier ingrédient : crème fraîche).

Au rayon des surgelés, cachés entre les croquettes de poulet et les rouleaux impériaux, je suis aussi tombée récemment sur des filets de morue noire sauvage surgelés qui étaient fort intéressants. La boîte portait même le sceau du Marine Stewardship Council, indiquant qu'il s'agit d'un choix écologique.

Faire une soupe à la courge n'a rien de compliqué mais j'avoue que, comme Stelio Perombelon, j'ai été assez agréablement surprise par la soupe à la courge et au cari Knorr, qui est juste un peu piquante, savoureuse et pas trop salée, et dont la liste d'ingrédients est correcte (aucun msg).

Aussi, j'ai goûté récemment au gratin dauphinois surgelé de Jardinéo - une maison qui fait aussi toutes sortes de mousses de légumes congelées - et c'est un produit fort intéressant offert dans certains IGA, Metro et épiceries naturelles.

De façon générale, les chefs s'entendent pour dire qu'ils se tiennent loin de la viande achetée au supermarché, mais qu'ils n'hésitent pas s'y procurer des protéines sous forme de légumineuses, telles les lentilles bios de Clic, recommandées par Alexandre Loiseau.

Tous les chefs à qui j'ai parlé ont un autre point en commun: ils n'ont pas de problème à utiliser du pain pita pour faire rapidement une pizza maison. M. Loiseau préfère ceux de la maison Montréal Pita.

 

Photo: Rémi Lemée, La Presse

Soupe à la courge et au cari Knorr