L'immeuble est immense: comme un grand supermarché planté sur la 5e Avenue. On y entre par de belles portes foncées pour y admirer des plafonds très hauts, des comptoirs de marbre à café, à gelato, à pâtisseries, des étals de fromages, de charcuteries et de confitures... On y croise aussi une boulangerie, hume l'odeur de la pizza sur feu de bois, traverse des tables design... Bienvenue chez Eataly, paradis culinaire du réputé chef Mario Batali.

Depuis qu'Eataly a ouvert ses portes, le 31 août, dans le quartier Flatiron de New York, foodies et touristes de la Big Apple l'ont littéralement pris d'assaut. «Samedi dernier seulement, nous avons accueilli 12500 clients!» affirme fièrement le rondouillard Mario Batali, dont la mère (Maryline Laframboise) est d'origine québécoise. «C'est beaucoup plus que ce qu'on avait prévu. Ce qui est un peu dommage, quand on attire une clientèle si importante, c'est qu'il faut des gardiens de sécurité pour gérer les files d'attente aux deux entrées. Les samedis et dimanches, c'est fou!»

Pas pour rien que les New-Yorkais ont surnommé Eataly le «Bloomingdale's de la cuisine italienne». On y trouve tout - absolument tout - pour cuisiner italien. Prêt pour la nomenclature? Fruits et légumes frais, cafés, pâtisseries, pains, charcuteries, huiles, sauces tomate, antipasti. Des comptoirs remplis de saucisses, d'olives, de poissons, de viandes, un bar et une cave proposant plus de 1000 vins et des accessoires de cuisine de marques reconnues (Alessi, Sambonet, Bialetti). Au total, 15720 produits alimentaires: des marchandises sèches et emballées importées d'Italie et des produits frais des États-Unis. C'est sans compter les sept restaurants de spécialités, l'école de cuisine (la sociologie et la chimie des aliments vous intéressent?) et même une agence de voyages qui vous amène visiter des producteurs et vignobles italiens.

Un typique village italien

«Eataly, explique son propriétaire, c'est la célébration des plaisirs de la table à l'italienne. Venir ici, c'est comme entrer dans un typique village italien. Vous allez au bar du coin, buvez un p'tit café, continuez un peu plus loin, avalez une pointe de pizza, traversez la place centrale pour savourer une gelato. Ensuite, vous cueillez quelques emplettes et passez à la boulangerie acheter des focaccias.»

Il y a différentes façons de profiter d'Eataly. «Ce qui rend l'atmosphère si unique, c'est qu'en plein lundi soir, à 21h, vous pouvez très bien y voir une belle septuagénaire se promener avec son panier, ramasser un sac de pâtes alimentaires, prendre une gorgée de prosecco et passer à l'allée suivante. Pour moi, c'est ça, l'essence d'Eataly!» lance Mario Batali

Batali et ses deux complices, Lidia Bastianich (la Julia Child de l'Italie) et son fils Joe (juge à l'émission MasterChef aux côtés de Gordon Ramsey et Graham Elliot), ont investi 20 millions dans l'aventure Eataly. Le complexe compte 450 places assises et 400 employés. Dans une économie encore difficile aux États-Unis, Batali avoue d'emblée que le pari était risqué, mais calculé: «Si les gens sont plus réticents à sortir au restaurant, ils vont tout de même cuisiner à la maison.» D'ailleurs, Eataly n'a pas fini de prendre de l'expansion. Cette fois, en hauteur. Une microbrasserie ouvrira ses portes, en janvier, sur le toit de l'immeuble, au 16e étage. Les amateurs pourront y déguster une dizaine de variétés de birra italiennes avec, en prime, une vue imprenable sur l'Empire State Building.

Eataly 200, 5e Avenue, New York www.mariobatali.com