Même si les Rôtisseries St-Hubert ont cessé de servir du poulet élevé sans farines animales, il est toujours possible d'en acheter au Québec. La ferme des Voltigeurs produit 25 000 poulets par semaine, tous «nourris d'une moulée complètement végétale, sans sous-produits animaux, même dans les vitamines», a dit à La Presse Georges Junior Martel, vice-président à la transformation de l'entreprise familiale.

«On pense qu'un poulet végétarien va être plus goûteux qu'un poulet conventionnel», a expliqué M. Martel, dont les volatiles sont vendus chez Metro, IGA et dans plusieurs boucheries.

Données aux volailles ordinaires, les farines animales sont composées de carcasses et de graisses d'animaux cuites à haute température. Elles sont soupçonnées d'être responsables de la propagation de la maladie de la vache folle, dans les années 90.

Exceldor, fournisseur de St-Hubert, a réintroduit de 5% à 10% de farines carnées dans l'alimentation de ses poulets depuis mars. Pourquoi? Parce qu'une nouvelle règle de l'Agence canadienne d'inspection des aliments exige que le poulet «nourri de grains végétaux» n'ait consommé absolument aucun sous-produit animal. Or, le poulet végétal d'Exceldor recevait de la vitamine D dont la capsule est faite de gélatine, sous-produit du porc.

«Malgré bien des efforts, on n'a pas trouvé d'autres vitamines D qui n'avaient pas cette gélatine et qui étaient efficaces», a expliqué la semaine dernière Serge Potvin, directeur du marketing d'Exceldor. En conséquence, le géant a décidé d'arrêter la production de poulet végétal.

Une vitamine plus chère

C'est pourtant possible de s'adapter: la ferme des Voltigeurs enrobe ses vitamines D d'une gélatine végétale depuis 2007. Seul hic: c'est plus cher. «Je comprends Olymel et Exceldor de vouloir arrêter de produire du poulet végétal, parce que ça leur coûte de plus en plus cher», a indiqué Bernard Martel, vice-président à la production de la ferme des Voltigeurs.

Cela se reflète à l'épicerie: le poulet «100% végétal» des Voltigeurs était vendu 7,99$ le kilo, hier, dans un IGA de la Rive-Sud. Le poulet ordinaire? Il coûtait 6,59$ le kilo, soit 18% moins cher.

Malheureusement pour les amateurs de poulet rôti, les Voltigeurs ne peuvent pas approvisionner St-Hubert. La célèbre chaîne achète 120 000 poulets par semaine, presque cinq fois la production de la ferme située à Drummondville.

Et ce n'est pas tout: St-Hubert n'achète que des mâles - donc des coqs - d'un poids et d'une qualité constante. Si bien «qu'environ 500 000 à 600 000 poulets doivent être produits pour qu'on en ait 120 000 qui rencontrent nos normes», a confirmé Lyne Chayer, vice-présidente au marketing de St-Hubert. Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus au royaume de la rôtisserie.



St-Hubert veut offrir du poulet sans antibiotiques




Malgré ce recul, St-Hubert espère offrir bientôt un poulet élevé sans antibiotiques. «C'est vraiment ce qu'on vise», a indiqué Mme Chayer. À l'heure actuelle, les antibiotiques sont utilisés dans les poulaillers pour favoriser la croissance des volailles et prévenir les infections, en plus de soigner les animaux malades. Cette utilisation systématique contribue à l'antibiorésistance chez l'humain, qui fait craindre le retour de grandes épidémies.