Inspecter le contenu des lunchs d'adolescents, ça vous dirait? C'est ce que font les nutritionnistes de la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval, à l'école secondaire De Rochebelle, de Québec. En 2011, la vérification de 367 boîtes à lunch a permis d'apprendre que seules 36% contenaient un produit laitier. Un fruit? À peine 40% en avaient.

Mais 64% des dîners répondaient aux deux critères de base: contenir au moins une portion de légumes et des aliments provenant de trois groupes alimentaires différents. «Ce qui est satisfaisant», indique Paul Boisvert, de la chaire de recherche sur l'obésité. Deux ans plus tôt, moins de la moitié des boîtes à lunch passaient ce test.

Il reste à convaincre les jeunes de manger des grains entiers, puisque seulement 18% des boîtes à lunch en contenaient, lors de la dernière année scolaire. «La vigilance des parents et l'éducation sont de mise pour améliorer la qualité nutritionnelle des boîtes à lunch des élèves du secondaire», observe M. Boisvert.

Pourtant, nombreux sont les ados qui préfèrent composer leur propre lunch. Ariane Carpentier, 18 ans, en a pris la responsabilité il y a quatre ans. «J'y ai retrouvé l'avantage de manger ce dont j'avais envie pour le lunch», dit la cégépienne, auteure du blogue Épicurienne urbaine.

«Les parents devraient insister pour que les jeunes fassent leur propre lunch, estime-t-elle. Non seulement ça entraîne une forme d'autonomie, mais ça permet aux jeunes d'acquérir une certaine maîtrise en cuisine.» Ainsi, une fois en résidence étudiante, ils ne seront pas obligés de dépenser une fortune à la cafétéria pour se nourrir... comme certains amis d'Ariane Carpentier, qui ne savent pas cuisiner.

«C'est une excellente idée de laisser les adolescents faire leur propre boîte à lunch, confirme Bernard Lavallée, nutritionniste. Cela leur donne un sentiment de fierté et de confiance en eux qui pourra les aider à préparer des mets plus élaborés dans  le futur.»

Apprendre à faire un lunch

Mais il ne faut pas rêver en couleur. «La plupart des ados vont choisir ce qu'il y a de plus facile, souligne Merissa Nudelman, coordonnatrice des Ateliers Boîte à lunch. Ils vont prendre un sac de croustille et faire le même type de sandwich tous les jours. Oui, les ados doivent commencer à préparer leur boîte à lunch au secondaire, mais les parents ont la responsabilité de les accompagner.»

Les plus chanceux peuvent s'inscrire aux activités parascolaires offertes par les Ateliers Boîte à lunch, dans Notre-Dame-de-Grâce. Les jeunes y apprennent à préparer un dîner inspiré des cuisines du monde, à apporter à l'école le lendemain. «Il faut leur montrer comment faire un lunch santé et varié, sinon ça devient vite ennuyant», indique Mme Nudelman.

La super salade «touski»

Il revient aux parents de s'assurer que le frigo et le garde-manger renferment de bons aliments convenant aux lunchs, selon les spécialistes interrogés. La responsabilité des adolescents est ensuite d'y faire leur choix.

Besoin d'idées? Achetez du fromage, du pain à grains entiers, des yogourts en tube, des petits pots de compote non sucrée, des boîtes de raisins secs, du lait à longue conservation, du jus de légumes, suggèrent les nutritionnistes de la chaire de prévention en obésité.

Puis, enseignez à votre ado la recette de lunch préférée d'Ariane Carpentier: la salade «touski». On prend une base (pâtes, laitues mélangées, épinards), on y ajoute des légumes, une ou deux sources de protéines (viande ou tofu en dés, noix, oeuf cuit dur) et du fromage. Pourquoi «touski»? Pour «tout ce qui reste dans le frigo».