Les plus riches offriront de luxueux coffrets, les autres en trouveront sans doute un petit au pied du sapin: le chocolat, plaisir à tous les prix et «valeur refuge» en temps de crise, est plébiscité par les Français qui le placent en tête des cadeaux qu'ils offriront à Noël. Avant le parfum ou les cosmétiques, disent 57% d'entre eux (contre 34% en 2010), selon une étude réalisée par le cabinet Deloitte en septembre.

«C'est une tendance très claire, car le chocolat exprime le mieux la saveur qui dit plaisir. Goût, forme, texture: c'est du rêve, du voyage, de la sensualité, du luxe pas cher», dit à l'AFP Rémy Lucas, psychosociologue de l'alimentation.

Avec 6,4 kg de chocolat par habitant et par an (4 millions de tablettes par jour), la France arrive en sixième position, loin derrière le duo de tête, l'Allemagne (11,3 kg) et le Royaume-Uni (10,9 kg).

«Rien d'étonnant» pour les professionnels interrogés par l'AFP qui constatent que «la qualité et la diversité de l'offre ont considérablement augmenté en dix ans», avec de nouvelles boutiques spécialisées fleurissant partout sur le territoire et drainant de jeunes chocolatiers très créatifs.

Mais nombre d'amateurs se fournissent dans les grandes surfaces (85% des ventes) où un coffret de chocolats de Noël s'achète entre 8 et 10 euros. Les ventes de Noël y progressent constamment, dit Thierry Desouches, du groupement Super U, dont les magasins ont enregistré une hausse de 4% en 2010 et qui proposent «1000 références» pour Noël 2011.

Selon lui, «la qualité des chocolats (de grandes surfaces) a fortement augmenté, même celle des premiers prix des marques distributeur (6% des ventes)».

Témoin de l'engouement pour cet excellent antidépresseur, le Salon du chocolat a attiré plus de 112 000 visiteurs cette année, deux fois plus qu'à sa création à Paris en 1995.

Crise et sucré-amer

«En période agitée, on revient aux traditions et le chocolat est devenu une valeur refuge», dit à l'AFP Geoffroy d'Anglejan-Chatillon, directeur général de «La Maison du chocolat» à Paris, également implantée en Asie, à New York et à Londres.

«Dans les moments difficiles on a tous besoin d'une petite note de sucré-amer et c'est la première fois qu'on trouve du chocolat d'aussi grande qualité partout», estime Jean-Paul Hévin, maître-chocolatier installé lui aussi à Paris et en Asie. «Pour désamorcer les conflits, c'est très bien».

Il faut compter 25 euros les 250 grammes de chocolats et 4 euros pour une tablette «grand cru» de chez Hévin. Le chocolatier cite un «chiffre d'affaires en hausse d'environ 5% chaque année».

À la Maison du chocolat, une ganache au champagne ou aux figues se déguste dans un coffret à 40,50 euros, un chocolat «classique» à la pièce coûte 1,90 euro et l'édition limitée d'un mendiant recouvert de feuilles d'or près de 500 euros.

À la célèbre confiserie «À la Mère de Famille», qui fête ses 250 ans, «on vend quatre fois plus de chocolat qu'il y a dix ans», dit Steve Dolfi, 35 ans, qui dirige la maison parisienne avec ses soeurs et son père. Le chocolat y a même détrôné les spécialités «maison», marron glacé et fruits confits.

Pour Noël, le chef chocolatier, Julien Merceron, 25 ans, a crée, à base «d'or noir», une sculpture numérotée et un «Super (père) Noël», avec cape dorée et «S» sur le ventre.