L'emblématique «pinte» de bière britannique sera bientôt concurrencée par une autre mesure, le «deux tiers de pinte», une véritable révolution destinée à relancer la consommation, en particulier des femmes.

La sacro-sainte «pinte» est aux pubs londoniens ce que le «demi» est aux bistrots parisiens : établie par une loi datant de 1698, elle fait partie de ces traditions jalousement gardées, en particulier face aux assauts de standardisation de l'Union européenne.

Conforme au système de mesures «impérial», en référence à l'ancien Empire britannique, elle représente vingt onces liquides, soit 0,568 litre. La bière ne peut être vendue dans aucune autre mesure, à l'exception de la demi-pinte ou du tiers, très rarement offertes.

Mais le gouvernement présentera dans les mois à venir au Parlement un projet de loi visant à instaurer un «deux tiers de pinte».

«Nous avons écouté les consommateurs et les distributeurs. Ils ont demandé que l'on conserve des mesures fixes mais avec une plus grande flexibilité», a expliqué le secrétaire d'Etat aux Sciences, David Willetts, responsable du dossier. «Nous libérons les distributeurs afin qu'ils puissent inventer de nouveaux produits qui satisfont les exigences de leurs consommateurs», précise-t-il sur le site de son ministère.

L'Association des pubs et brasseurs (BBPA), qui dit représenter 98% des brasseries, a salué la décision, y voyant un moyen de relancer la consommation et assurer la survie des pubs, dont une trentaine ferme chaque semaine.

«Le deux tiers de pinte va donner une plus grande flexibilité. C'est particulièrement important quand il s'agit d'encourager plus de femmes à préférer la bière, car nombre d'entre elles évitent la pinte», jugée trop grande, a expliqué la directrice de la BBPA, Brigid Simmonds.

Bousculer trois siècles de tradition n'est cependant pas du goût de tous. «Ils vont faire payer le prix d'une pinte pour un deux tiers», enrage Paul Brown, dans un message diffusé sur la page Facebook de l'association Camra (Campagne pour la bière traditionnelle). «Pas question. La pinte est une partie intégrante du mode de vie britannique», tranche Zoe Brennan, tandis que Martin Prince préfère le prendre à la rigolade: «On pourrait pas avoir une double pinte?».