Notre critique gastronomique Robert Beauchemin a participé à la rédaction du programme du repas-bénéfice La Vittoria. Voici son compte rendu de la soirée.

Impressionnant, ce repas à 10 chefs qui a permis d'amasser 250 000$ pour la Fondation du cancer du sein du Québec, samedi soir dernier, aux Verrières du Musée des beaux-arts de Montréal.

 

La soirée se déroulait sur le thème de la culture classique française et de ses grands plats phares, qui ont été brillamment interprétés par quelques-uns de nos meilleurs chefs (et quelques-uns de nos plus jeunes aussi) dans une enfilade extraordinaire de 10 plats, servis en 10 temps, avec de très grands vins choisis par Alain Bélanger.

La cuisine préparée par les chefs était tout simplement renversante: pressé de homard et prosciutto servi en miniature d'Alexandre Gosselin, chef du Local; saumon sauvage façon Bellevue d'Éric Gonzalez, du Ferreira Café; turbot rôti, écrasé de rattes et céleri servi dans un bouillon de poule à l'huître fumée de Jean-François Vachon du M sur Masson; fameuse soupe VGE (créée par Bocuse pour l'ex-président français Giscard d'Estaing) aux truffes et foie gras, curiosité historique refaite par Richard Bastien du Leméac; pintade dans une gelée de cèpes de Stelio Perombelon des Cons Servent ; exceptionnel lièvre royal, déconstruit et reconstruit par Fred St-Aubin, jeune prodige du Club 357C.

Ce niveau élevé révèle non seulement l'immense talent de nos jeunes chefs, mais aussi leur dévouement au travail et leur générosité. Le repas s'est terminé sur quatre étapes en douceur, la première de Martin Juneau, de la Montée de lait, qui a travaillé un fromage Époisse comme un nuage sur une grande tranche de bacon, presque crue. Ensuite une verrine de marron, litchis et framboises d'Olivier Potier, un pré-dessert naviguant dans l'univers de la pâtisserie d'exception et possiblement inspiré du parisien Pierre Hermé. Puis, une tarte miniature au chocolat et au café, avec une sorte de mousse au sésame et à la banane, une composition de Patrice Demers du restaurant Laloux. Finalement, le chocolatier Christophe Morel a proposé des macarons et chocolats exquis.

Cette soirée démontre avec panache que nos meilleurs artisans en cuisine savent être des virtuoses et contribuent à faire de Montréal l'une des capitales gastronomiques de l'Amérique. Les chefs, faut-il le rappeler, n'étaient pas payés et donnaient de leur temps un samedi soir, plusieurs avec une brigade complète.

Des occasions comme celles-là ne sont pas que des exercices esthétiques de haut vol puisque le but est d'attirer la générosité de ceux qui peuvent donner.