«Il y a les canards qui vont être contents», lance Dodo, au bout du fil, la voix solide, mais triste.

Dodo, c'est Dodo Morali, copropriétaire avec son mari Guy du restaurant Guy et Dodo Morali, qui annonce que cette institution montréalaise ferme ses portes. Le 23 décembre, ce sera le dernier service de canard confit, de cassoulet... Après, retraite anticipée.

«On est tristes, c'est plus tôt que prévu», explique Guy Morali. Après 31 ans, le chef ne s'attendait pas à voir son bébé fermer aussi rapidement.

 

Alors pourquoi éteint-il son fourneau? Il fallait renouveler le bail, explique-t-il. Et le prix demandé par le proprio était au-delà de ce que le restaurant pouvait se permettre, surtout en ces temps économiquement incertains. En début de soixantaine, le couple ne voulait pas non plus signer un bail trop long.

Le 23 décembre sera aussi la dernière soirée à la Rapière, autre institution montréalaise, installée celle-là dans l'immeuble de la Sun Life, qui s'en va. «Après 35 ans, je prends une retraite méritée», explique la propriétaire, Lise Naud. «Je prends ma rapière et je m'en vais.»

Mme Naud n'en dit pas plus long, mais avoue que le plus difficile, c'est de couper le contact avec tous ces gens qu'elle a côtoyés pendant tant d'années. «Ça me fait mal de laisser ma clientèle», dit-elle.

Mêmes mots chez Mme Morali: «Tout ce que je veux maintenant, c'est remercier tous ces gens qui nous ont fait l'honneur de venir manger chez nous pendant trois décennies.»

Et comme si les amateurs de cuisine française classique n'avaient pas été assez éprouvés, les Chenets, une autre institution de plus de 30 ans, met elle aussi la clé sous la porte et servira son dernier souper samedi. Le chef propriétaire a vendu l'immeuble et personne, au restaurant, n'était en mesure hier de dire ce qui adviendra du commerce.

Récemment, le restaurant Le Paris, un autre spécialiste de la cuisine française classique, a fermé pendant quelques semaines, mais il a pu rouvrir, acheté par deux chefs.