Quand janvier se fait froid et glauque et qu'une bouffée du parfum tonique du gingembre s'impose pour rallumer votre moral, pourquoi ne pas partir en direction d'un bon restaurant de dim sum?
On y mange généralement copieusement pour pas très cher. Le service en chariot rend l'expérience amusante, le menu est différent des tourtières et de la dinde dont on s'est rassasié durant le temps des Fêtes. Et on peut y aller aisément en famille, le midi, ce qui signifie qu'il n'y a donc pas de gardienne à payer non plus. Sans parler des économies sur le vin, puisque ce n'est pas le genre de cuisine qui se savoure avec des grands crus.
Bref, pour se changer les idées un samedi ou un dimanche midi, ou avec les collègues durant la semaine, le dim sum est une solution toute prête pour ces débuts d'année économes qui deviennent carrément inquiétants quand on nous parle sans cesse de dépression économique.
Et pour ne pas avoir à affronter les bancs de neige du Quartier chinois et traverser la ville en plein blizzard, pourquoi ne pas aller explorer du côté de Cartierville ou de Brossard?
Tong Por Saint-Laurent
Installé sur le boulevard Laurentien, à Cartierville - au nord de Saint-Laurent - là où était autrefois un autre grand restaurant de dim sum, Président, Tong Por Saint-Laurent est une seconde succursale du Tong Por de la rue de la Gauchetière dans le Quartier chinois. On y sert donc le même type de dim sum classiques, ces petites bouchées cantonaises qui se mangent le matin et le midi et englobent une vaste variété de plats allant des pattes de poulet aux ailes de canard, en passant par les côtes bouillies, le congee - un gruau de riz salé - et les tripes.
Cela dit, c'est souvent pour les dumplings cuits à la vapeur qu'on va aux dim sum et ceux de Tong Por sont très bien faits. Il faut essayer notamment ces ravioles aux pétoncles séchés doucement relevés au gingembre et à la crevette séchée ou alors ces boules vapeur aux crevettes fraîches dont la fine enveloppe de pâte de riz reste bien en place tant qu'on ne les a pas fait éclater sous la dent. Et les siu mai au porc, qui sont ouverts sur la partie supérieure et dont la pâte est de blé plutôt que de riz, sont savoureux et juteux tout en demeurant délicats.
L'assiette de brocoli chinois, très vert, encore très croquant et bien salé par une sauce aux huîtres onctueuse est aussi intéressante et fait un contraste craquant avec la délicieuse crêpe très épaisse à la pâte de riz farcie de porc barbecue, tendre et sucré et généreusement accompagné d'oignons verts.
Comme c'est le cas pour la plupart des restaurants de dim sum montréalais, ces petites assiettes sont servies à partir de chariots roulants qui sont poussés à travers l'immense salle du restaurant par des dames qui ouvrent gentiment les plats de bambous pour nous montrer ce qu'elles ont à offrir. Le tout est facturé à l'assiette.
Tong Por Saint-Laurent
12 242, boulevard Laurentien Montréal (Cartierville) 514-331-8883
Genre: restaurant de dim sum, populaire le midi, notamment pour le brunch le week-end.
Prix: à deux, à midi, avec du thé à volonté et sans vider nos assiettes parce que nous n'en pouvions plus, nous nous en sommes tirés pour 24$ incluant les taxes mais avant le service.
Décor: immense salle avec des télévisions, plutôt impersonnelle, comme c'est souvent le cas pour la plupart des restaurants de dim sum. Mais il y a de la place pour ceux qui veulent y aller en groupe!
On y retourne? Oui, surtout si on est dans le coin et qu'on est nombreux et qu'on veut manger à petit prix.
Jing Hua
Installé à Brossard, sur le boulevard Taschereau, non loin du boulevard Rome, ce restaurant est relativement plus intime que le Tong Por de Saint-Laurent - on a un peu moins l'impression d'être dans un gymnase rempli de tables -, mais il est lui aussi installé devant un parking où il est très aisé de garer la voiture.
Là, ce ne sont pas les dumplings qui sont les plus charmants, mais plutôt le thé au jasmin très chaud et très parfumé que l'on nous sert en arrivant, ainsi que les fritures, comme cette montagne de sardines frites que l'on nous offre pour... 3,50$. Sans conteste, une des meilleures affaires en ville. De plus, ces sardines sont délicieuses et craquent sous la dent comme si la mer s'était cachée dans une frite.
Autre plat délicieux: les calmars frits. Souvent, dans les restaurants de dim sum, ces calmars arrivent à table trop longtemps après être sortis de la friteuse pour être encore bien croustillants. Ce n'est pas le cas ici et je vous mets au défi de ne pas finir au complet le plat, qui est immense même s'il coûte lui aussi à peine 3,50$.
Les dumplings, en revanche, n'étaient pas à la hauteur de ceux de Tong Por, notamment parce que la pâte de riz se défaisait comme si elle était trop cuite. Et les boulettes de boeuf au gingembre, bien que généreusement parfumées au gingembre, sont arrivées à la table trop tièdes pour que l'on puisse apprécier leurs spongieuses saveurs.
Quant aux crêpes de riz farcies au porc barbecue, elles se défendaient assez bien en glissant sous les dents, douces et juste assez gélatineuses. Mais elles aussi auraient gagné à être servies un peu plus chaudes.
Note à moi-même: la prochaine fois, demander à être assise loin des courants d'air des fenêtres et près de la porte où les chariots sortent des cuisines.
Jing Hua
8050, boulevard Taschereau Brossard 450-923-2200
Prix: pour deux, à midi, on s'en est sorti avec une facture de 18$, après taxes mais avant service.
Genre: restaurant de dim sum traditionnel fréquenté par les Brossardois de toutes origines, que ce soit la communauté chinoise locale ou l'ancien maire Paul Leduc!
On y retourne? Sûrement, pour les sardines, mais j'avoue qu'à Brossard, pour les dim sum, il sera difficile de choisir entre ce restaurant, le Foo Wor qui est à quelques pas de là et propose un délicieux congee, et un troisième restaurant de dim sum du boulevard Taschereau, le nouveau Kam Fung, une succursale brossardoise du restaurant de la rue Saint-Urbain, qui doit ouvrir ses portes sous peu, à côté du nouveau Kim Phat, collé sur le flanc ouest de l'autoroute 10.