Après des années de disette, voilà que les rues tout autour de la place des Festivals finissent enfin par se parsemer de bonnes petites adresses. Évidemment, il y a le Bar F et la Brasserie T! rue Jeanne-Mance, ouverts l'an dernier. Voilà qu'on y trouve aussi maintenant non loin le Bouillon Bilk, gros coup de coeur de ce début d'été.

Installé sur le boulevard Saint-Laurent, au sud d'Ontario, à deux pas de la station de métro, le Bouillon Bilk surprend dans ce quartier. Avec son style minimaliste aux angles secs, ses panneaux de métal sur les murs, quelques tables de bois rustique hautes sur pattes et son éclairage par ampoules nues, on le verrait plus aisément dans Griffintown, voire le Vieux-Montréal Ouest.

Qu'importe. Il n'est proche de rien, mais à côté de tout en même temps: le quartier Saint-Laurent-Sherbrooke, le centre-ville, la Place des Arts, la future Adresse symphonique... Et sa cuisine et son atmosphère valent clairement le détour.

Les deux anciens du Leméac qui l'ont ouvert il y a deux mois ont choisi le nom du restaurant sur un coup de tête quelques minutes avant de faire leur demande de permis d'alcool. Ne cherchez pas plus loin pour un sens profond. Ils aimaient le son de ces mots qui coulent puis qui claquent. Et qui ne ressemblent à rien, comme une vraie oeuvre d'art.

Accessible et inédite

La cuisine de François Nadon a aussi cette qualité d'être à la fois accessible, «punchée» et inédite. On cherche les références, sans les trouver - et c'est tant mieux, car on n'en peut plus de manger des variantes sur les mêmes thèmes partout - de ces combinaisons qui surprennent mais fonctionnent. Que ce soit la lavande avec les fraises, le chocolat blanc et la vodka, pour composer un des plus exquis fraisiers déconstruits que j'aie jamais mangés, ou les pois verts avec pistaches, champignons armillaires et bette à carde...

Certains diront qu'ils ont vu un plat semblable au vivaneau cru à la prune et au wasabi au Filet. Mais de la mozzarelle à la pêche avec chapelure à l'huile d'argan?

Parfois, les rencontres étonnent un peu trop, comme celle entre la chair de crabe, un lait de coco gélifié, fenouil, fraises et noix de cajou. Trop douce, la combinaison se perd dans des méandres discrets. Parfois, on se réjouit, surtout quand la technique est là pour appuyer l'inspiration des saveurs, comme on le voit avec ces pétoncles du Maine parfaitement poêlés. Et servis dans un bouillon aux épices et à l'orange, avec quelques ravioles de kimchi, donc du chou mariné à la coréenne et des grains de soja noirs, fermentés.

La carte de vins est très courte, mais fort bien choisie. La présentation des plats est spectaculaire. La limonade maison à la coriandre vaudra, à elle seule, quelques visites pour le lunch - oui, c'est ouvert le midi. Et le rosé méritera, lui, un retour pour le 4 à 7, où pour 10$ par personne, on peut grignoter un plateau de charcuteries, terrines et compagnie.

Bouillon Bilk

1595, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514-845-1595

Prix: Entrées entre 11$ et 14$, plats principaux de 22$ à 28$. L'originalité des plats et la maîtrise de l'exécution. Il pourrait y avoir un tout petit peu plus de chaleur dans la décoration...

On y retourne? Oui, en courant!