Émancipée, la femme peut aujourd'hui dire tout haut ce qu'elle désire: au boulot, à la maison, et sous la couette. Sexuellement, est-elle plus épanouie? Oui, mais encore faut-il qu'elle ait envie de faire l'amour.  

La sexologue clinicienne et psychothérapeute Sylviane Larose aborde longuement la question du désir dans le livre Réveiller sa vie sexuelle (Les éditeurs réunis), en librairie depuis quelques jours. Elle y décortique quelques-uns des éléments qui freinent maintenant l'homme et la femme dans l'intimité, comme l'absence de caresses, les approches maladroites, les horaires surchargés.  

Alors, où en est la femme au lit en 2009? Quelles sont les défis qui l'attendent? Nous avons abordé la question avec la sexologue et auteure.

 

Q: Au fil des années, la femme a gagné le droit d'exprimer ses désirs sexuels. À notre époque, quel serait d'après vous le défi pour les femmes en général au chapitre de la sexualité?

 

R: D'abord, être capable de décrocher. Sortir du mode «performance» pour se centrer sur les moments amoureux. Fréquemment, les femmes qui ont un trouble du désir ont de la difficulté à se laisser aller. Si leur partenaire arrive pour les prendre dans leurs bras, elles sont tellement axées sur toutes les tâches à faire dans la journée qu'elles ont de la difficulté à en profiter. Beaucoup de femmes ont du mal avec ça. Le désir, c'est un murmure. Il ne criera pas aussi fort que le stress et l'anxiété.

 

 

Q: Ce que vous constatez, c'est que les femmes peuvent mener plusieurs projets simultanément avec succès, mais qu'à l'occasion, il leur est difficile de se libérer l'esprit le soir venu...

 

R: Oui. J'en rencontre qui perçoivent les caresses comme une perte de temps quand elles se retrouvent au lit avec leur partenaire. Elles se disent: «Ah, il est 22h30... Je ne prendrai pas une heure pour faire l'amour s'il faut que je me lève à 6h30 demain matin. On va faire ça vite.» Dans ce contexte, le plaisir n'est pas là, et cette notion est centrale dans le désir sexuel.

 

Q: Mais les femmes sont plutôt bien informées de nos jours des moyens de parvenir au plaisir, non?

 

R: C'est vrai que l'on parle beaucoup de sexualité. Ce qui serait bien maintenant, c'est que les gens apprennent à prendre plaisir à le faire. Beaucoup de couples connaissent les gestes, mais ils n'ont pas développé le plaisir de toucher.

 

Q: Vous parlez dans votre livre de l'importance de savoir caresser. Vous suggérez même qu'il peut être utile de recommencer à zéro...

 

R: J'ai vu des couples se rendre compte après plusieurs années que tout fonctionne dans leur vie: ils s'aiment, ils ont réussi, ils ont une famille, mais au niveau de la sexualité ça ne va pas et ils ne peuvent plus continuer comme ça. Quand l'amour est là, les couples trouvent hyper stimulant de recommencer, de réapprendre à se toucher, étape par étape. Il arrive que le monsieur ne sait pas comment s'y prendre, mais que la madame ne sait pas non plus ce qui lui ferait plaisir!

 

Q: Au cours des derniers mois, des livres comme 365 nights de Charla Muller, où il est question de faire l'amour tous les jours pour retrouver le désir, ont connu un grand succès en librairie. Est-ce que des relations sexuelles quotidiennes peuvent avoir des effets positifs à long terme?

 

R: Il faut d'abord que ce soit plaisant. Il y a des hommes et des femmes qui entrent dans un mode où même s'ils ont des relations sexuelles tous les soirs, ce ne sera jamais plaisant. Ce n'est pas la fréquence qui importe, mais c'est dans la façon dont ça se vit. Plus la sexualité est plaisante, plus ça réveille des émotions dans le couple. On se rappelle alors combien la dernière fois, c'était agréable... ça donne le goût de recommencer.

 

Q: Y a-t-il une fréquence minimale pour parler de vie sexuelle saine dans un couple?

 

R: Je n'aime pas parler d'un nombre normal de relations sexuelles par semaine ou par mois, car ça varie énormément selon les besoins des couples. Je dirais quand même qu'à moins d'une relation sexuelle par mois, il y a une distance qui s'installe entre les partenaires.