Profession: Critique de théâtre, fondateur de la Fédération québécoise de naturisme et auteur de l'ouvrage Nu, simplement.

Âge: 66 ans

Son éveil au naturisme

Né en Tunisie, Michel Vaïs est arrivé à Montréal avec sa famille quand il avait 12 ans. Son éveil au naturisme s'est manifesté vers le milieu de l'adolescence. «Le naturisme est arrivé dans ma vie comme une sorte de «respiration». Je me souviens avoir vu à la télévision l'acteur français Eddy Constantine enlever sa chemise. Il ne portait rien en dessous. Je me suis dit: «Pourquoi je porte un tricot [une camisole], qui me fait sentir serré?» À 20 ans, quand j'ai eu ma première blonde, on partait souvent dans des endroits éloignés, soit en Corse, en Guadeloupe ou en Grèce, où nous recherchions des endroits paisibles où nous pouvions être nus. C'était une forme de libération. Un jour, nous nous sommes retrouvés sur une petite île des Baléares et nous avons aperçu un groupe de gens nus. À ce moment, j'ai eu une sorte de déclic, de révélation: on pouvait être nu sur une plage.»

Qu'est-ce qui relie vos deux passions dans la vie: le naturisme et le théâtre?

«C'est comme si l'un était le contraire de l'autre: sur la scène, tout est artificiel et le nu apparaît comme l'arrivée d'une chose naturelle. Comme le disait Jean-Pierre Ronfard: «Quand je vois quelqu'un de nu sur scène, je me mets à loucher».»

De retour au Québec au milieu des années 70, après avoir pratiqué le naturisme à Paris pendant ses études doctorales en études théâtrales, Michel Vaïs a fondé la Fédération québécoise de naturisme. À cette même époque, il a fondé la revue Jeu et entrepris sa carrière d'enseignant de théâtre à l'université. Depuis ce temps, il a toujours été porte-parole du mouvement naturisme dans les médias québécois.

Dans Nu, simplement, vous écrivez que le naturiste se trouve moins laid nu qu'en maillot de bain. Pourquoi?

«Le maillot de bain fait paraître les bourrelets. Ce qu'il cache, ce n'est pas ce qui est laid. C'est le contraire: il souligne les laideurs. J'arrive de Cuba où sur les plages, il y avait des Argentines, des Italiennes qui se baladent avec des petits maillots très échancrés, qui offrent un défilé de mode permanent. Dans ce contexte, si on n'a pas un beau corps, on se sent encore plus laid. C'est pour cette raison que les personnes âgées ou handicapées sont plus rares sur les plages.»

Quelle est la meilleure façon de s'initier au naturisme?

«Il faut y aller pas à pas. Tout dépendant de notre éducation, on a tous des rapports différents à la nudité. Le mieux est de commencer seul, chez soi, avec quelques activités ménagères habituelles, telles que de passer l'aspirateur. Si on a la chance d'avoir un jardin ou une piscine, on peut sortir sans habit. Pour les parents de jeunes enfants, ça peut aussi être une façon de démystifier le corps, d'acclimater les jeunes au fait que leur corps est très naturel.