Une sous-exposition à la lumière naturelle du matin, nécessaire pour synchroniser l'horloge biologique entre cycles de veille et de sommeil, pourrait avoir un rôle dans les troubles du sommeil chez l'adolescent, selon une étude américaine menée sur des collégiens.

L'étude publiée mardi dans la revue Neuroendocrinology letters est une première expérimentation en conditions réelles de conclusions observées dans des laboratoires du sommeil. Ces derniers ont montré que les effets de la lumière sur l'horloge biologique circadienne (basée sur un rythme de 24H) pourrait être à l'origine des troubles du sommeil chez l'adolescent également.Les spécialistes s'accordent à dire qu'aujourd'hui trop peu d'adolescents dorment neuf heures par nuit comme il est recommandé. Ils ont souvent des difficultés à s'endormir tôt le soir, et à se réveiller pour assister aux cours de début de matinée. Les cycles du sommeil commencent à changer à l'adolescence pour des raisons diverses, telles que les changements hormonaux et les sollicitations accrues dans le milieu social, scolaire et professionnel.

Mariana Figueiro et son équipe de chercheurs de l'Institut polytechnique de Rensselaer ont suivi pendant cinq jours onze élèves de quatrième du collège Smith à Chapel Hill (Caroline du Nord). Ils n'ont pas étudié l'ensemble de leur cycle de sommeil mais l'apparition d'un signe précoce de trouble du sommeil: un influx de mélatonine, l'hormone du sommeil, qui précède généralement de deux heures l'endormissement.

Quoique préliminaire, cette étude est bien réalisée et devrait déboucher sur des recherches additionnelles sur l'exposition à la lumière du jour, a commenté le Dr Judith Owens, professeur associé de pédiatrie à l'université Brown et spécialiste de la médecine du sommeil.

«On observe un changement d'origine biologique sur la phase naturelle d'endormissement et sur celle du réveil. Cette étude montre que l'on peut altérer ce changement en manipulant la lumière», observe-t-elle. «Le principal message à en retirer est de s'exposer à la lumière naturelle tôt le matin».

Pour cette expérience, les chercheurs ont choisi un collège construit dans une démarche d'économies d'énergies, où la présence de nombreuses verrières permet un éclairage des classes à la lumière naturelle. Ils ont ainsi pu tester les effets de la perte d'exposition à certaines ondes lumineuses sur les élèves.

Du lever à la sortie de l'école, les onze collégiens ont porté pendant cinq jours des lunettes à filtre orange bloquant uniquement les ondes de «lumière bleue». La déperdition de ces ondes a déréglé l'horloge biologique interne des collégiens, retardant d'une demie-heure le soir l'influx de mélatonine, ont estimé les chercheurs.

La lumière du jour étant la meilleure source de rayons à ondes courtes, les adolescents qui partent pour le lycée avant le lever du soleil ou qui passent leurs journées dans des locaux presque sans fenêtres souffrent certainement des mêmes symptômes, a estimé Mariana Figueiro. «Si vous avez cette lumière du matin, c'est un avantage pour les adolescents», précise-t-elle.

La lumière matinale n'est pas le seul facteur de troubles du sommeil chez l'adolescent, ajoute Maria Fugueiro. Le rapport publié mardi et financé par les instituts nationaux de santé et le Conseil américain pour la construction écologique fait partie d'une étude plus large qui inclut une deuxième expérimentation sur une école de New York.

Cette expérimentation, qui porte sur l'exposition à la lumière le soir - ordinateurs, lumière de la télévision et éclairages intérieurs-, révèle que trop de lumière en soirée peut aggraver le problème, conclut Maria Figueiro.