Vivre avec des enfants ne permet pas de maintenir la forme. Au contraire cette relation est associée à une moins grande pratique de l'activité physique.

Ce constat, qui peut sembler étonnant, émane d'une étude menée à l'Institut de Cardiologie de Montréal (ICM). Des chercheurs ont voulu savoir pourquoi la majorité des patients souffrant d'une maladie coronarienne ne parviennent pas à adhérer à un programme d'exercice. C'est à ce moment qu'ils ont fait le lien entre jeune famille et sédentarité.

Cette recherche a été réalisée auprès de 756 participants, par le Dr Simon L. Bacon, chercheur associé à l'Institut de cardiologie. L'équipe affectée à l'étude avoue avoir été surprise des résultats et conclut qu'il faudra revoir les stratégies de motivation des patients atteints de maladies cardiovasculaires en tenant compte de leur réalité familiale.

En investigant sur les causes du refus d'opter pour des activités physiques dont les avantages sont largement connus, les chercheurs en sont venus aux conclusions que vivre à deux, avec un conjoint ou une autre personne, n'a aucune influence sur les activités physiques. Par contre, vivre avec des enfants influence négativement les parents dans la pratique de l'exercice, en raison du manque de temps et d'énergie à consacrer à ce type d'activités.

En fait, selon le directeur de cette recherche, peut-être faudrait-il cibler la famille entière du patient et non seulement la personne malade.

Cette manière de faire intégrée pourrait également servir d'autres fins, notamment au chapitre de la prévention, puisque les enfants s'inspirent souvent des habitudes de vie de leurs parents.

«Nous nous orientons de plus en plus vers des interventions systémiques ou familiales. Pour agir sur les habitudes de vie d'un patient, il faut obtenir la collaboration de son entourage immédiat», a indiqué la Dr Kim Lavoie, co-directrice de cette recherche.

En vertu de cette étude de l'Institut de cardiologie, les chercheurs ont noté que les personnes qui n'arrivent pas à accroître leurs activités physiques détiennent toujours un poste sur le marché du travail et s'occupent de leurs enfants.

«Ces patients se négligent souvent eux-mêmes en raison de leurs nombreuses activités, ce qui n'est pas le cas des clients plus âgés qui n'ont plus d'enfants à charge ou ceux qui vivent seuls ou avec un conjoint», a précisé Kim Lavoie.

Une autre tendance a été observée, alors que les femmes développent de plus en plus de maladies cardiaques. La décision d'avoir des enfants plus tard peut aussi contribuer à augmenter la sédentarité.

«Celles qui continuent de travailler ou de terminer des études avant d'avoir des enfants deviennent parfois des «Super Woman» capables de tout faire, mais qui s'oublient et qui, à la fin de la journée, sont celles qui en souffrent le plus», a avancé la co-directrice de l'étude.

Elle explique également que les personnes qui ont développé d'autres types de maladies chroniques, comme le diabète ou diverses infections pulmonaires, sont également aux prises avec les mêmes restrictions. Encore une fois, tenter de changer ces habitudes sans inclure la famille risque d'être difficile sans la collaboration de l'entourage.

«La prise en charge de toutes ces maladies implique des liens avec l'alimentation, la bonne santé physique et le stress», a résumé le Dr Lavoie.