L'épuisement des enseignants, le manque de ressources pour les élèves en difficulté et les ratés de la réforme scolaire font régulièrement les manchettes. Malgré tout, les parents se montrent satisfaits de leur école dans une écrasante majorité. L'école idéale? On l'a déjà!

Les parents du Québec aiment leur école primaire. Dans un sondage Angus Reid réalisé pour La Presse, 86% des répondants ont affirmé être très satisfaits ou plutôt satisfaits de l'école fréquentée par leur enfant. Seulement 2% se disent très insatisfaits.

Les disputes au sujet des approches pédagogiques et le manque de ressources dénoncé par les enseignants n'altèrent pas l'appréciation des parents. «Ils font la distinction entre la réforme et l'école. Ils sont très attachés à leur école et ils lui font confiance», analyse Roch Chouinard, vice-recteur adjoint aux études supérieures, à l'Université de Montréal.

Plus précisément, les parents se disent heureux du travail des enseignants. Au total, 87% se disent très satisfaits ou satisfaits de la qualité de l'enseignement dans leur école.

Le programme éducatif aussi a la faveur populaire. Huit parents sur dix affirment qu'il répond à leurs attentes.

Le président de la Fédération des comités de parents du Québec François Paquet se montre très enthousiaste face à ces résultats. «Ça fait des années que j'essaie de faire passer ce message: au primaire, les parents sont très satisfaits. Quand on leur parle, la meilleure école, c'est toujours celle où va leur enfant. Et c'est toujours ailleurs que ça va mal!» lance-t-il.

Roch Chouinard abonde dans son sens. Gare aux changements d'école imposés par les commissions scolaires, prévient-il. «Je n'ai jamais vu des parents monter aux barricades pour un bulletin. Mais s'ils entendent parler d'enfants déplacés d'une école à l'autre, ils sont très rapides à s'organiser.»

Ils sont satisfaits, mais ils attendent toutefois beaucoup de l'école. Les trois quarts des parents souhaiteraient voir les activités parascolaires de leur enfant incorporées au temps de classe. Près de 60% apprécieraient aussi un service d'aide aux devoirs, et ils n'hésiteraient pas à payer pour l'obtenir.

Des activités, des devoirs, mais aussi du temps libre. S'il n'en tenait qu'aux parents, les élèves passeraient entre 30 et 60 minutes à gérer eux-mêmes leur emploi du temps chaque jour.

Les enfants profiteraient alors d'une cour dans laquelle s'élève un module de jeu le choix de 47% des parents , d'une salle de spectacles, ou d'un secteur boisé.

«L'école primaire a une fonction sociale, analyse Roch Chouinard. Ce que les parents disent, dans ce sondage, c'est qu'ils sont prêts à ce qu'elle prenne plus de place. Et elle en prend plus large aujourd'hui qu'avant. Avant, on ne faisait principalement qu'instruire. Aujourd'hui, on instruit, on socialise et on qualifie.»

Et pour qualifier, on transmet des valeurs. À l'heure où Québec investit des millions dans la lutte contre le décrochage, c'est la persévérance qui trône au sommet des valeurs prisées des parents. Le civisme et l'autonomie suivent de près.

L'implication, le secret?

François Paquet ajoute que généralement, la satisfaction va de pair avec l'implication. «Je vois beaucoup de parents s'impliquer d'abord pour changer des choses et parce que ça va mal. Par la suite, la majorité s'aperçoit que tout n'est pas si négatif...»

Laurence Houllier, directrice de l'école primaire Nouvelle-Querbes, à Montréal, estime elle aussi que plus les parents font partie de la vie scolaire, plus ils se montrent optimistes.

«On fait de la coéducation, explique-t-elle en appuyant sur le terme. Il faut voir l'éducation comme un travail à trois: les parents, les enfants et l'enseignant. Il y a des moments où les parents ont des interrogations, mais quand on fonctionne ainsi, il s'agit rarement d'insatisfactions.»