C'est parce qu'elle a elle-même eu une relation toute privilégiée avec son père que Marie-Hélène Lebeau-Taschereau, l'intervieweuse des Moquettes Coquettes, a voulu creuser la particularité de ce lien familial dit «croisé», unique, souvent intense, mais surtout peu exploré. Dans un livre qui paraît ces jours-ci en librairie, elle propose le fruit de 13 longues entrevues, réalisées auprès de 13 personnalités bien connues du public québécois.

Surprise: malgré la délicatesse du sujet, les relations familiales sont fort intimes, toutes les personnalités contactées par Marie-Hélène Lebeau-Taschereau se sont prêtées au jeu avec une générosité décapante.

Qu'il s'agisse des animatrices Christiane Charette et Patricia Paquin, ou encore de la ministre Michelle Courchesne, ces personnalités ont accepté, souvent en présence d'un parent ou encore d'un enfant, de se raconter. La relation avec le parent, la petite enfance, la complicité, les conflits aussi. Rien n'est épargné. Et surtout: la source d'inspiration, de motivation, que ce parent a pu, ou pas, incarner. C'est ainsi qu'on découvre le modèle qu'a pu représenter Raymond Charette pour sa fille, l'incroyable coup de pouce qu'a offert sa mère au designer Jean Airoldi, et aussi, parce qu'il ne peut pas y avoir que de belles histoires, quelques «points non réglés» entre Jean-François Mercier et sa mère.

«Après plusieurs années à créer avec un groupe, où ton identité est collective, j'avais envie de faire quelque chose de très personnel», a expliqué hier matin Marie-Hélène Lebeau-Taschereau, à quelques heures du lancement de son tout premier livre: Histoires de familles, publié aux éditions Les Malins.

«Alors j'ai décidé d'explorer cette relation un peu chassé-croisé. Elle a quelque chose de très dynamique. Avec un parent de sexe opposé, il n'y a pas de compétition, on ne peut pas se comparer, et j'ai l'impression que cela peut donner une grande richesse de modèles.»

Ses 13 cas, de Pierre Verville à Alexandre Despaties, en passant par Éric Salvail et Georges-Hébert Germain, en sont d'ailleurs bien la preuve. «Il n'y a pas une histoire pareille! Mais toutes sont très intenses. Pas une seule n'est banale.»

Il faut dire que la jeune auteure a précisément cherché à raconter des histoires variées. «Oui, je voulais des histoires différentes. Je me suis posé la question: c'est quoi être la mère d'un champion olympique? Je savais aussi que Georges-Hébert Germain avait une grande complicité avec sa fille. Je voulais aussi une histoire d'adoption (Marie-Josée Lord).»

Si elle a eu des surprises? Oh que oui! «Je me doutais que Jean-François Mercier, un personnage qui s'autoproclame «le gros cave», avait des petits trucs pas réglés avec sa mère. Mais à ce point?», dit-elle, en faisant référence à son entrevue, à la fois empreinte de malaise, mais aussi d'humour, et finalement d'amour.

Elle a aussi été très surprise par la richesse des rencontres. «Cela durait parfois quatre heures. J'allais chez les gens, parfois je mangeais avec eux, j'ai bu le vin maison de la famille Calliari, j'ai même mangé les gnocchis de Franca Calliari [...]. J'ai vraiment été surprise de la générosité avec laquelle les gens se sont livrés. C'est un sujet tellement personnel!»

Mais la plus grande surprise lui est finalement venue d'ailleurs. Pile-poil à la fin de sa rédaction, elle a appris qu'elle était enceinte... d'un garçon! Coïncidence? «Hé oui! Je vais vivre à mon tour cette expérience que j'ai explorée pendant un an [pour mon livre]. C'est comme une tradition familiale qui se poursuit.»

Histoires de familles, de père en fille et de mère en fils, 13 personnalités québécoises se racontent, de Marie-Hélène Lebeau-Taschereau, éd. Les Malins, 144 p., 24,95$