Permettez une petite devinette: sur 10 personnes qui textent au volant, combien sont des femmes? Trois, cinq, sept? Vous avez tout faux. Près de huit!

Oui, les femmes sont de grandes adeptes du multitâche, comme l'illustre bien cette statistique, lancée parmi tant d'autres cette semaine, lors d'une conférence Infopresse sur les femmes et la consommation.

Et les mères? Elles sont probablement les plus grandes championnes de toutes. Entre le lave-vaisselle à vider et les leçons à faire réciter, combien de mères de famille jonglent avec deux, trois, quatre tâches à la fois? Et non, ça ne sont pas là de vulgaires stéréotypes. Une étude récente, publiée dans le plus récent numéro du American Sociological Review, révèle même que les mères font 10 heures de plus de «multitâche» que les pères chaque semaine. Au total, elles jonglent ainsi avec plusieurs responsabilités 48,3 heures par semaine, tandis que les pères, eux, se limitent à 38,9 heures.

Et savez-vous quoi? Il n'y a vraiment pas de quoi être fières. Au contraire. L'enquête, qui s'appuie sur les données recueillies entre 1999 et 2000 auprès de 368 mères et 241 pères de huit régions métropolitaines américaines (dans le cadre du 500 Family Study, lequel scrute les comportements de la classe moyenne élevée, typiquement plus aux prises avec ces questions de conciliation) révèle que les femmes ne tirent pas grand plaisir de tout cela. Et c'est un euphémisme.

«Les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas que quantitatives, mais aussi qualitatives», commente l'auteure principale de l'étude, Shira Offer, professeure de sociologie et d'anthropologie à l'université Bar-Ilan, en Israël. Invitées à réfléchir sur ces chiffres, les mères disent aussi se sentir stressées, et culpabilisent quand elles effectuent plusieurs tâches en même temps. Les pères? Pas du tout. Ils vivent plutôt l'expérience positivement, révèle l'article.

Et pourquoi est-ce ainsi? Selon Marie Claude Lamarche, psychologue et spécialiste du bien-être, «malgré toutes les avancées du féminisme, la femme demeure biologiquement faite pour avoir et élever des enfants. C'est un fait.» En travaillant pour gagner en autonomie, les femmes doivent du coup se battre sur deux fronts, dit-elle. «On s'en met beaucoup sur les épaules. La conciliation est beaucoup plus difficile, parce qu'on veut être des mères parfaites et des professionnelles parfaites. C'est trop!»

Solution? Non, on ne renverra pas les mères au foyer. Car des études récentes le prouvent, le travail est aussi bon pour la santé mentale des mères. Une enquête de l'Université de Washington à Seattle, réalisée auprès de 1600 mères et rendue publique cet été, confirme que les mères qui travaillent sont moins sujettes à la dépression que celles qui demeurent au foyer. Et les plus optimistes de toutes? Celles qui ne s'attendent pas à réussir à tout concilier. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les mères les plus heureuses sont finalement celles qui travaillent, tout en sachant qu'elles ne pourront pas être des mères, ni des professionnelles modèles. Celles qui ont lâché prise, finalement.

Alors à go, on relaxe, nous aussi?