Pour arrondir leurs fins de mois, mais aussi pour rester actives et «garder du lien social», de plus en plus de retraitées se lancent dans la garde d'enfants, parfois même en devenant «au pair» dans des familles en France ou à l'étranger.

On les appelle les «mamies nounous» ou les «mamies sitter». Ce sont de jeunes seniors à la retraite, désireuses de poursuivre une activité. Souvent déjà grand-mères, elles «trouvent dans la garde d'enfants un moyen de mettre du beurre dans les épinards et de rester actives», explique Guillaume Richard, président de la société de services à la personne O2.

«Par définition, la garde d'enfants -sorties d'écoles ou sorties de crèche- est un métier à temps partiel, qui peut donc intéresser trois catégories de personnes», affirme M. Richard: «des étudiants, des salariés à temps partiel ou des retraités».

Son entreprise, qui existe depuis 1996, s'est emparée du concept des «mamies nounous» il y a trois ans et en emploie aujourd'hui une centaine, pour un total d'environ 3000 gardes.

Elles assurent plusieurs niveaux de prestation, de la garde simple à l'éveil ou l'aide aux devoirs.

«Les parents apprécient leur expérience et leur disponibilité», assure le président d'O2.

À 67 ans, Arlette Robin, est une «mamie nounou» au Mans (Sarthe) depuis deux ans. Cette ancienne responsable de maison de retraite éprouvait le besoin de «s'occuper et de garder le contact avec le monde extérieur».

Être au service de deux familles quinze heures par semaine, lui permet de rajouter environ 500 euros à sa retraite mensuelle d'à peine 800 euros. Un complément «non négligeable», confie-t-elle.

«Je vais chercher les enfants à l'école, j'aide aux devoirs et j'organise des sorties. Je m'investis beaucoup et les parents apprécient. Aujourd'hui, ils ne pourraient plus se passer de moi!», assure-t-elle. «Employer une personne d'âge mûr les rassure.»

«Permettre à des femmes seniors de voyager»

Mais certaines retraitées veulent aussi profiter de ce second métier pour découvrir une région, un pays, apprendre ou perfectionner une langue étrangère.

C'est après avoir découvert en Allemagne le concept de «granny au pair» que Patricia Brucks a lancé en France, en décembre dernier, le site «www.aupairmamy.com».

L'idée: «permettre à des femmes seniors, encore très actives, de voyager en aidant des familles pendant quelques mois, en France ou à l'étranger», explique cette ancienne cadre de LVMH. «Elles peuvent découvrir une région à moindre coût et maintenir un lien social», ajoute-t-elle.

Comme des jeunes filles au pair, les «mamies au pair» s'occupent des enfants et, en échange, sont logées et nourries.

Pour se faire connaître et trouver des clients, Patricia Brucks passe beaucoup de temps sur des forums internet. «Le démarrage est prometteur, j'ai chaque jour des appels, des demandes d'informations», dit-elle.

Ancienne responsable de formation à la chambre de commerce de Paris, Brigitte Cassigneul, 67 ans, est déjà séduite par le principe et a multiplié les missions depuis deux ans: aux Pays-Bas, en Espagne et en Allemagne. «Au début je me débrouillais pour trouver les familles toute seule, mais c'est plus confortable de passer par un tiers de confiance», estime-t-elle.

Prochaine destination prévue: la Corse, en août, où elle sera «au pair» chez un père divorcé. Et elle n'entend pas s'arrêter là: «J'ai découvert Lisbonne l'été dernier et cherche une famille pour y retourner. Mais je rêve aussi d'aller en Australie...»