Pour ou contre le cododo? Gagnier, Nadia

Pour ou contre le cododo? Gagnier, Nadia

Collaboration spéciale

Elle se demande si cette chambre servira durant les premiers mois de la vie de bébé, car elle a peut-être l'intention de le laisser dormir dans le lit conjugal, afin de ne pas avoir à se lever pour l'allaiter la nuit. Elle en parle à son conjoint qui est contre l'idée. "Je vais adorer mon enfant, mais pas question de le laisser briser notre intimité." Il craint que cela retardera le moment où il fera ses nuits, puisqu'il lui sera peut-être difficile de réintégrer sa chambre d'enfant après s'être habitué à partager le lit de ses parents. De plus, il a peur qu'un accident ne survienne : et si, en changeant de position durant la nuit, il écrasait ou étouffait involontairement son enfant? De son côté, Nathalie a une amie, qui a opté pour le cododo durant les mois où elle allaitait. Elle y voyait de nombreux avantages : favorise l'attachement mère-enfant, bébé est allaité dès qu'il en a besoin et ne pleure donc presque pas, papa ne s'éveille pas, maman se rendort plus rapidement... Mais voilà que Nathalie vient juste d'apprendre que cette amie n'a pas encore réussi à transférer son enfant dans son lit d'enfant, car elle s'inquiète de sa réaction. Elle est présentement enceinte de son deuxième enfant... où fera-t-elle dormir cet enfant si le premier dort encore avec elle?

Si vous avez les mêmes interrogations que Nathalie et son conjoint et que vous commencez à chercher des opinions d'experts en la matière, vous risquez d'être encore plus confus! En effet, certains professionnels encouragent les parents au cododo, puisque la proximité de la mère et le contact peau à peau sécurisent l'enfant après le traumatisme de la naissance. En fait, la majorité des cultures pratiquent le cododo. C'est surtout en Occident que les enfants ont leur propre chambre et leur propre lit. D'autres experts recommandent plutôt aux parents de tenter de développer graduellement l'autonomie du sommeil de leur enfant. Cela signifie de faire dormir bébé dans un lit séparé, et d'aller auprès de lui dès qu'il s'éveille en pleurant, pour répondre à ses besoins le plus rapidement possible et ainsi favoriser le lien d'attachement. Certaines études démontrent également que dans certains contextes, le cododo peut-être dangereux pour bébé, notamment dans un lit d'eau (surface trop molle et mouvante, augmentant les risques d'étouffement), lorsque les parents sont habitués de dormir avec des couvertures lourdes ou avec de nombreux oreillers dans le lit, ou si un des parents a un sommeil agité (spasme, mouvements des bras et des jambes). Évidemment, si la mère prend des médicaments, des drogues ou de l'alcool qui la rend confuse ou qui la fait dormir trop profondément, le cododo pourrait se transformer en cauchemar.

Piège

Souvent, lorsque l'on pratique le cododo, c'est pour ensuite favoriser un détachement graduel et une plus grande autonomie du sommeil lorsque l'enfant grandit, qu'il n'est plus allaité et qu'il fait ses nuits. C'est à ce moment que certains parents peuvent vivre des difficultés, un peu comme l'amie de Nathalie. Dans certains cas, une espèce de relation de codépendance peut se développer entre l'enfant et la mère. Lorsque cette dernière tente de transférer l'enfant dans son lit, elle s'inquiète de la réaction qu'il aura. L'enfant peut percevoir cette anxiété chez sa mère, à laquelle il réagira en pleurant, confirmant faussement à la mère qu'il n'est pas prêt à dormir dans son propre lit, alors que c'est plutôt elle qui ne se sent pas prête! Les parents développent alors l'impression que ce n'est jamais le bon moment pour faire la transition. Alors, le cododo, qui avait pour fonction initiale de sécuriser l'enfant, a pour effet secondaire de le rendre anxieux chaque fois que les parents tentent de le transférer dans son lit. Les parents et l'enfant sont pris au piège.

Évidemment, d'autres parents réussissent très bien cette transition... en choisissant bien le moment, en étant sûrs d'eux et en acceptant de devoir se lever pour aller réconforter l'enfant s'il s'éveille la nuit. Ils sont prêts à accepter que l'enfant puisse pleurer un peu, le temps qu'il s'adapte à son nouveau contexte de dodo. Une fois qu'il y est adapté, tout le monde passe de belles nuits.

Entre le cododo et faire dormir l'enfant dans sa chambre dès la naissance, il existe des solutions de rechange. Par exemple, nombre de parents optent pour faire dormir l'enfant dans un moïse, tout près de leur lit. Ainsi, la proximité de la mère fait qu'elle peut répondre rapidement au besoin de bébé lors des éveils nocturnes, tout en lui permettant de s'habituer à dormir dans un lit séparé. Ainsi, lorsque l'on transfère bébé dans sa chambre d'enfant, la coupure est moins radicale.

Bref, c'est une question de choix personnel... les parents devraient choisir la méthode qui leur convient le mieux, sans se soucier des qu'en-dira-t-on, et en réfléchissant surtout aux conséquences de leur choix à moyen et long termes.

Bonnes nuits et faites de beaux rêves!