La réussite des garçons passe par un apprentissage précoce de la lecture, croit la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui réclame des correctifs au programme de formation des élèves dès cette année.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, ne ferme pas la porte à cette demande, étant préoccupée elle aussi par les difficultés scolaires des garçons.

Le programme d'enseignement actuel prévoit des mesures pour aider le jeune à développer son goût de la lecture. «C'est très bien, mais encore faut-il au préalable maîtriser les bases de la lecture. Et c'est là que le bât blesse», souligne la présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), Manon Bernard.

La CSQ préconise un apprentissage par la lecture-écriture. L'élève apprend à lire par décodage en faisant des liens entre les sons et les mots. Plusieurs expériences concluantes existent déjà dans certaines écoles, indique la CSQ.

Les résultats de plusieurs recherches internationales convergent tous sur l'importance de l'apprentissage de la lecture dans la réussite scolaire. Des difficultés en lecture chez un enfant de 8 ans peuvent compromettre sa réussite tout au long de son cheminement scolaire.

C'est particulièrement le cas chez les garçons. Seulement un garçon sur deux (49,1%), comparativement à deux filles sur trois (62,2%), obtient son diplôme du secondaire à 17 ans.

L'écart entre les garçons et les filles se dessine dès les premières années du primaire et ne cesse de croître par la suite.

«Il est important de commencer dès le préscolaire à travailler sur certaines stratégies qui vont aider l'enfant à intégrer la lecture lorsqu'il va arriver en première année. Plus vite on intervient et moins on a de conséquences à long terme», explique Johanne Pomerleau, vice-présidente de la Fédération des professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ) et orthophoniste de formation.

La réussite des garçons est un sujet récurrent dans le milieu de l'éducation. Loin d'être unique au Québec, c'est un enjeu mondial. Il est possible d'améliorer la situation, affirme le président de la CSQ, Réjean Parent, qui demande une rencontre avec la ministre pour apporter rapidement des correctifs au programme d'enseignement,

«Ce sont des ajustements mineurs qui sont exigés, mais en même temps, ils auront une incidence majeure», dit M. Parent en souhaitant que les correctifs soient apportés dès cette année.

L'idée n'est pas nouvelle, mais elle «rencontre des résistances au ministère de l'Éducation», précise M. Parent.

La ministre, Line Beauchamp, qui se disait soucieuse de la réussite des garçons dans une entrevue avec La Presse plus tôt cette semaine, ne ferme pas la porte.

«Je vais écouter ce qu'on a à me dire», a-t-elle indiqué, heureuse de constater que tout le monde veut faire un effort dans la même direction.

S'il est trop tôt pour commenter précisément la proposition de la CSQ, la ministre souligne elle aussi qu'il faut intervenir de façon précoce dans l'apprentissage de la lecture.

«Indéniablement, quand on parle de réussite des garçons, tout le monde semble m'indiquer, incluant les universitaires québécois, qu'on doit se pencher sur les questions d'acquisition des aptitudes à la lecture de façon très précoce chez les gars», affirme Mme Beauchamp.