Le printemps-été 2012 s'annonce chaud, à en croire les designers montréalais qui ont défilé au premier jour de la 21e Semaine de mode de Montréal. Micro shorts, robes vaporeuses, tuniques et voilages, un premier tour d'horizon plutôt réjouissant des propositions nouvelles.

Martin Lim: Du glamour pastel

Ce premier défilé de la griffe Martin Lim, intitulé Berlin Calling, «en clin d'oeil à la ville allemande et à ses édifices aux façades souvent roses », d'après Danielle Martin (créatrice aux côtés de Pao Lim) a de quoi réjouir. Au menu: des robes, des robes et des robes encore, un parti-pris qui a valu un succès d'estime immédiat à la marque l'hiver dernier. D'ailleurs, personne ne pourra s'en plaindre, et certainement pas vous, messieurs! Cette robe se fait d'ailleurs tantôt tunique ultra fluide et aérienne, tantôt toute simple, à un détail près qui fait toute la différence, telles ces pastilles conférant du relief au tissu. Cette robe prend aussi des allures de kimono ceinturé à la taille. Et partout les jeux de contrastes entre structure et fluidité dessinent des silhouettes aériennes. Un rose ultra joyeux domine largement cette garde-robe féminine et glamour, faite également de blocs de couleurs pastel parfaitement de saison. À ne pas s'y tromper, la collection devrait se vendre comme des petits pains.

>>>Consultez notre dossier complet sur la Semaine de mode de Montréal

UNTTLD: Magnifique dualité

Au premier rang, Denis Gagnon  leur mentor  Pierre Lapointe, Arianne Moffat, Marie Saint Pierre: tous sont venus encourager Simon Bélanger et José Manuel St-Jacques (le gagnant de la dernière présentation de l'émission La collection à TVA), et dont on vous annonçait qu'ils ne tarderaient pas à faire souffler un vent de renouveau sur la création montréalaise. Eh bien, ce fut chose faite, et pas plus tard que mardi. Au programme, du noir et du blanc, des jeux de transparence, des effets de volumes et de géométrie jalonnant cette collection composée de microshorts, de minijupes en cuir ainsi que de robes dévoilant tout ou presque de l'anatomie de beautés métissées. De petits hauts en crochet  spécialité des deux designers - se marient à des pantalons à l'allure chic et sportive. Ici ou là, des fermetures éclair ponctuent la collection, en référence à l'époque ou les deux jeunes diplômés étaient des assistants de Denis Gagnon. Tout y est de bon goût, juste, précis, et parfaitement dans le coup, comme en témoignent cette version revisitée d'un perfecto sans manches ou encore cette robe longue toute en crochet (encore!) et ornée de détails métalliques. À ne pas s'y méprendre, ces jeunes designers ont un talent fou.

Travis Tadéo: Chauds... les oiseaux

Chez Travis Tadéo, aux manettes de sa griffe éponyme depuis 2008, le slogan pourrait être «Filles et garçons même combat». Elle et lui partagent les mêmes tissus, le plus souvent vaporeux et transparents, ceux-là même dont sont faits les modèles printaniers, jusqu'aux plumes qui agrémentent amplement cette collection métissée. On a relevé des petits hauts façon poncho, lorsqu'ils ne deviennent pas une robe, des jupes très courtes en lin naturel, ou en jean lavé  -- tendance que l'on retrouve d'ailleurs un peu partout, déclinée sous toutes les coutures. Une collection qui annonce un été proprement... caniculaire. Particulièrement lorsque monsieur ose l'improbable combishort couleur chair, presque comme une seconde peau, et là, on a encore nettement plus chaud! On retiendra la prouesse technique du designer montréalais à la vue de cette robe crinoline toute cousue de plumes, comme la symbolique d'une femme cerf-volant.

Dinh Bà Design: En demi-teinte

Le défilé de Dinh Bà Design a de quoi faire réfléchir: comment un créateur peut-il imaginer qu'un tel fossé stylistique puisse séparer femmes et hommes? D'un côté, Monsieur est super dans le coup, top tendance, portant des pantalons souples en coton (longs ou au genou) et façon sport, pour une allure décontractée chic, avec des polos rayés ou des débardeurs souples. De l'autre, Madame, pour sa part, donne dans un registre tout à fait aux antipodes, tant dans les coupes que dans les matières. En fait, les robes semblent le plus souvent d'une autre époque. Un parfum de désuétude empesée qui nous a laissés pour le moins sceptiques. Au final, on retiendra de ce cette 16e collection des silhouettes masculines particulièrement chargées en testostérone, ce qui n'est sans doute pas fait pour déplaire à tout le monde.