L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt: cet adage semble porter fruit pour le rendez-vous mode biannuel de Montréal.

Les organisateurs de la Semaine de la mode de Montréal, qui se déroule du 6 au 9 février, affirment que la décision de devancer la date de l'évènement permet d'attirer des acheteurs internationaux juste avant les présentations des collections d'automne à New York.

Selon Jean-François Daviau, coprésident de Sensation Mode, qui organise la semaine, si l'évènement se tenait en mars ou en avril, les acheteurs potentiels auraient peut-être déjà dépensé leur budget.

Alors qu'entre 18 à 25 acheteurs provenant de l'extérieur du pays se présentaient normalement à la semaine montréalaise, l'édition qui débute lundi devrait en accueillir 40, sans compter les dizaines d'autres provenant d'ailleurs au Canada.

«Si vous pouvez présenter votre collection tôt dans la saison, cela démontre que votre entreprise est sérieuse et peut concurrencer les autres», explique-t-il. «La crédibilité est un aspect important au Canada. Je pense que c'est là où nous avons encore beaucoup de travail, mais elle s'améliore. Et les ventes s'améliorent aussi.»

M. Daviau explique que si les créateurs canadiens ne sont pas des chefs de file de la production de masse, ils doivent être capables de reproduire un modèle en série. Ainsi, une présentation hâtive leur permet de prendre plus de temps pour créer des articles qui, espèrent-ils, se traduiront par une augmentation significative des ventes.

«Disons qu'un acheteur acquiert 10 paires de pantalon. Il peut revenir dans trois semaines, si la saison est jeune, et en commander 10 autres», résume-t-il. «Il s'agit vraiment d'offrir des produits qui sont adaptés à la réalité des créateurs.»

Les collections automne-hiver de créateurs émergents et bien établis seront aussi à l'honneur pendant l'évènement de quatre jours. Si des activités auront lieu à divers endroits, les défilés se tiendront au Marché Bonsecours, quartier général de l'évènement, au coeur du Vieux-Montréal.

Le styliste expérimenté Christian Chenail ouvrira la marche de la 22e Semaine de la mode en présentant sa nouvelle collection pour la griffe Muse.

Marie Saint Pierre, MARTIN LIM, Mélissa Nepton, Annie 50, Eve Gravel, Tavan & Mitto et la collection Rud de Rudsak font partie des créateurs et des griffes qui prendront d'assaut les passerelles.

La Semaine de la mode de Montréal ouvrira aussi ses portes à un groupe d'aspirants couturiers dans le cadre de l'évènement annuel «Les créateurs mode de demain», présenté jeudi par le partenaire Telio.

La semaine se terminera sur les présentations des collections d'Anastasia Lomonova, LYN par Jocelyn Picard, et UNTTLD.

Si la semaine s'adresse principalement à l'industrie et aux médias, les amateurs de mode peuvent également participer aux festivités, en se procurant des billets à l'avance et à la dernière minute pour assister à certains défilés.

L'évènement s'impose aussi sur la toile, grâce à une présence en direct sur Internet prévue chaque soir sur la page Facebook de Sensation Mode. Sur Twitter, des experts invités de l'industrie commenteront certaines collections.

Toutefois, l'attrait pour le consommateur ne s'arrête pas là. Jean-François Daviau explique que pendant toute la semaine, les organisateurs tentent de promouvoir l'évènement un peu partout dans la ville afin de familiariser les gens aux créateurs. «Pour nous, c'est le bon moment de parler aux gens et d'essayer de les attirer vers les boutiques des stylistes.»

Selon lui, cela influence parfois les détaillants, qui peuvent voir l'intérêt pour certains couturiers et, potentiellement, leur offrir un partenariat.

C'est le cas de trois créateurs québécois, présents régulièrement lors de la Semaine de la mode de Montréal, qui ont conclu des partenariats avec des détaillants au cours des dernières années. Marie Saint Pierre a signé une collection de robes pour la chaîne Reitmans et doit offrir une nouvelle gamme ce printemps. Denis Gagnon s'est allié à Bedo, tandis que Philippe Dubuc a dessiné une collection pour les magasins Simons.

«Plus la Semaine de la mode devient forte, plus nous voyons ce genre de collaborations», affirme M. Daviau. «Plus nous attirons l'attention sur les créateurs, plus ils deviennent intéressants pour les détaillants.»