Allons-nous bientôt être obligés de garder nos cosmétiques au frigo ? Et pourquoi pas ? Parce que plus ça va et plus les produits cosmétiques évoluent selon des principes qui les rapprochent de... l'alimentation.

Et on ne parle pas juste des tranches de concombres anti-cernes.

Prenez, par exemple, les agents de conservation.

En ce moment, ce sont beaucoup les agents de conservation présents dans les cosmétiques qui inquiètent les consommateurs, comme les parabens, par exemple, que de plus en plus de fabricants, à la suite de pressions des clients, cherchent à éliminer.

Or ces agents de conservation sont importants car ils empêchent les produits de devenir contaminés par les bactéries. Moins d'agents conservateurs, plus de frigo. Et surtout, plus de délais de péremption écourtés. Un verre de lait avec ça ?

«On n'est pas dans la laiterie, mais il est clair que de plus en plus, la fraîcheur des produits compte», explique Solange Strom, qui dirige l'Occitane en Provence, au Canada. Le fabriquant, qui est basé à Manosque, en Provence, compte faire disparaître presque complètement les parabens de ses produits d'ici la fin de 2010, explique Mme Strom. «Pour nous, ça nous oblige à repenser la gestion de nos stocks. À trouver d'autres façons de faire.»

Les crèmes ne peuvent plus être vues comme des objets que l'on dépose sur des tablettes d'entrepôts pendant des mois et des mois sans que personne ne s'en inquiète.

Bientôt, comme pour le café ou les oeufs, on va se mettre à demander : «Alors, elle est fraîche votre crème à main?»

Dans son livre In Defense of Food, un plaidoyer en faveur d'un retour aux sources en matière d'alimentation, le journaliste Michael Pollan souligne qu'on doit se méfier des aliments qui ne pourrissent jamais et peuvent rester dans les garde-manger très longtemps. Allons-nous devoir penser de la même façon pour nos produits de beauté?

Vincent Letertre, qui dirige le développement de produits chez Dr. Hauschka - un fabricant de produits de beauté naturels - admet qu'il y a comme ça beaucoup de parallèles à faire entre les prises de conscience en matière de cosmétique et d'alimentation.

La société Dr. Hauschka, par exemple, a toujours eu ses propres jardins de plantes bios, cultivés en biodynamie, pour approvisionner ses usines aux méthodes souvent artisanales. Or les jardins bio sont on ne peut plus populaires actuellement en gastronomie et la biodynamie est tout à fait tendance dans les vignobles.

Chez le fabricant allemand, explique M. Letertre, il y a aussi une volonté de travailler le plus possible avec des produits régionaux, locaux même. «Ça ne sera jamais à 100% mais on essaie de travailler le plus possible avec les produits qu'on a, autour de nous, dans le sud de l'Allemagne.» Un peu comme le «100 miles Diet» ?

En outre, chez Dr. Hauschka - et plusieurs autres fabricants - lorsqu'on importe des produits du Sud - vanille, karité, citron, etc. -- on cherche à s'approvisionner chez des fournisseurs équitables, le plus possible. En gastronomie, même scénario. Du café au chocolat, en passant par les fruits et le riz, l'équitable fait maintenant partie du scénario obligatoire.

Chez L'Occitane en Provence, on a carrément lancé une ligne de produits équitables appelée Do Brasil. C'est une gamme de soins solaires fabriquée au Brésil, par des Brésiliens, avec des ingrédients naturels bio - dont le buriti, une noix aux huiles protectrices anti-soleil -- qui font écran naturellement. «Les clients demandent ça. On travaille depuis 20 ans ainsi pour le beurre de karité. Il est normal qu'on continue en ce sens.»

Il y a même apparemment une nouvelle tendance chez ceux qui ne font plus confiance à personne côté cosmétiques: le fait maison. Avec batteur, passoire, fruits, huiles, tasses à mesurer et tutti quanti, on fait ses propres crèmes. Avez-vous vos livres de recettes?

L'Occitane en Provence a lancé une ligne de produits équitables appelée Do Brasil.