La nouvelle «Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée» a officiellement été signée par des gens de l'industrie, vendredi à Montréal, en présence de la ministre responsable de la Condition féminine, Christine St-Pierre.

La charte n'est pas coercitive, mais ses signataires espèrent néanmoins pouvoir contribuer à changer les choses dans le milieu de la mode et de la publicité, ainsi que pour ce qui est de l'image des femmes dans les médias au Québec. Ils espèrent avoir une influence positive et contribuer à une prise de conscience.

«Chaque mot a été pesé. Vous allez retrouver là-dedans l'esprit de 'personne n'est coupable, personne n'est montré du doigt'; c'est toute la société qui doit s'engager», a résumé la ministre St-Pierre.

Cette charte n'a pas force de loi et ne prévoit aucune sanction contre les contrevenants. Elle est fondée sur l'adhésion volontaire à des principes.

La charte énonce sept principes auxquels souscrivent ses signataires. Par exemple, ils s'engagent à «promouvoir une diversité d'images corporelles comprenant des tailles, des proportions et des âges variés».

Ils s'engagent aussi à «refuser de souscrire à des idéaux esthétiques basés sur la minceur extrême».

Ils s'engagent également à «dissuader les comportements excessifs de contrôle du poids ou de modification exagérée de l'apparence».

La coprésidente du comité qui a mené à bien ce projet de charte, la journaliste et animatrice Esther Bégin, admet qu'au départ, certains émettaient des réserves.

«Il y a des gens qui se demandaient pourquoi le projet sous cette forme-là? Est-ce que ça allait donner vraiment quelque chose? Est-ce que c'était vraiment nécessaire? Est-ce que c'était vraiment les images que l'on voyait dans le milieu de la mode qui causaient l'anorexie? Donc, on a eu à faire de la sensibilisation, un peu d'éducation», a dit Mme Bégin.

L'autre coprésident du comité, le docteur Howard Steiger, chef du programme des troubles de l'alimentation à l'Institut Douglas, affirme qu'il y a une croissance des cas d'anorexie, de boulimie et d'obésité, au Québec comme partout dans le monde industrialisé.

Idée de départ

L'idée de cette charte est née après que deux jeunes filles, Jacinthe Veillette et Léa Clermont-Dion, eurent lancé une pétition et demandé au gouvernement du Québec d'intervenir face aux images de maigreur et aux images irréalistes de femmes projetées dans les médias.

Interviewée vendredi après les allocutions et le défilé de mode qui a suivi, la jeune Jacinthe Veillette, qui a 18 ans ce samedi, était enthousiasmée. «Ça dépasse mes attentes. Je suis impressionnée. Je suis encore sous le choc», s'est-elle exclamée en entrevue.

La jeune femme demeure tout de même réaliste et ne s'attend pas à ce que le milieu change du tout au tout. «C'est sûr que c'est relatif. Je ne sais pas à quel point ça va être efficace, sauf que c'est symbolique pour moi. C'est déjà un premier pas; on s'en va vers quelque chose, je pense. Ça va grandir, le projet va grandir et je pense que c'est un bon premier pas. Ça présage quelque chose de bon», a-t-elle conclu.

Au sein du comité de travail, on retrouvait des représentants des agences de mannequins, de l'industrie de la fourrure, des écoles de mode, de l'industrie du vêtement, des agences de publicité, des annonceurs, des magazines, des compagnies de produits de beauté, des producteurs de films et télévision, de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo.

La Coalition québécoise sur la problématique du poids a accueilli favorablement l'adoption de cette charte. «Cette initiative réunissant des acteurs de milieux divers confirme l'impact sur la santé publique des modèles corporels présentés dans les médias et véhiculés par l'industrie de la mode», a commenté la coalition par voie de communiqué.