La collaboration entre Denis Gagnon, star des derniers défilés de mode à Montréal, et le détaillant Bedo, voué au «luxe décontracté», est connue depuis longtemps. Mais les mordues de mode et autres fashionistas se demandaient bien à quoi ressemblerait le résultat. Mercredi dernier, le designer, bardé de ses emblématiques lunettes noires, a dévoilé les 30 pièces griffées Denis Gagnon pour Bedo.

Heureusement, l'essence de son style - sombre, rock et poétique - a été judicieusement distillée dans cette collection-capsule pour femmes de l'automne 2010. La pâle copie ou, pire, l'excès ont été évités. En résumé: une version cool de la «conquérante» drapée de fermetures métalliques est donnée.

«La chose la plus difficile a été d'épurer tout en préservant mon style», admet le créateur qui, pour la première fois dans sa carrière, conçoit une collection grand public. Il n'a d'ailleurs pas hésité à demander conseil aux dirigeants de l'entreprise montréalaise, Peter Nasri, président, et Mary Nasri, directrice de la création.

La minicollection est actuellement en production et sera livrée dans 14 boutiques de la chaîne au Canada, dès le jeudi 26 août.

Bien sûr, les fermetures éclair en guise d'ornements, une trouvaille révélée lors de la présentation de la collection prêt-à-porter printemps-été 2010 de Denis Gagnon, brillent sur plusieurs vêtements. En prime, elles leur insufflent un style graphique.

Parmi les autres éléments puisés à même sa signature, impossible de louper le noir... omniprésent. La sombre couleur préférée du designer est très présente (à 80%). N'empêche, certaines pièces sont offertes dans un magnifique bleu violacé et un brun cigare légèrement grisé.

Il y a aussi beaucoup de robes drapées en jersey, «mon coup de coeur», note au passage le concepteur, des silhouettes asymétriques et architecturées, de la paillette qui illumine notamment un pantalon smoking et de la broderie brillante sur un jean.

Autre fétiche du créateur : le cuir. Les deux modèles de vestes de cuir proposées sont parmi les pièces les plus fortes de la collection. L'un est sans ourlet (à bord vif) et l'autre est matelassé, version bomber jacket actualisée.

Lors de la présentation, Mary Nasri n'avait que des louanges pour Denis Gagnon. «Il est un amour. Quel plaisir que de travailler avec lui. Et ce n'est pas de la flatterie», dit-elle.

Tout aussi ravi de cette expérience, Denis Gagnon insiste sur l'idée de la démocratisation de sa griffe. «Denis Gagnon doit devenir plus accessible tout en demeurant... Denis Gagnon. Il est donc important que ma signature soit vendue chez Bedo, mais aussi chez Holt Renfrew», explique-t-il.

Et à combien évalue-t-on la différence de prix entre les deux? «Environ 3000$, pour la pièce la plus chère chez Holt Renfrew, cet automne, estime le designer. Et 300$ au maximum pour une veste de cuir chez Bedo!» enchaîne Mary Nasri.

Fabriquée en Chine, la collection-capsule aurait pu décevoir en raison d'une piètre qualité de confection.

Au contraire, Denis Gagnon s'exclame en montrant l'intérieur d'un manteau de laine aux lignes nettes. «La confection est réussie et les tissus sont très bien en raison du coût des vêtements», juge-t-il.

«Tout est dans le choix des usines, enchaîne Mary Nasri. J'insiste d'ailleurs auprès de nos fournisseurs asiatiques pour obtenir de la grande qualité, en ce qui a trait aux matières et à la finition.»

Pour l'instant, aucune entente pour la conception d'une deuxième collection Denis Gagnon pour Bedo n'a été conclue. Le créateur n'a pas non plus planché sur la création d'accessoires, comme de chaussures.

Et pourquoi pas des lunettes noires gigantissimes?

La réponse de Denis Gagnon ne tarde pas : «Non, je m'y oppose! Vous imaginez plein de petits Denis Gagnon dans la rue...» lance-t-il en riant.

La collection Denis Gagnon pour Bedo sera vendue, dès le 26 août, dans 14 boutiques Bedo au Canada, dont 6 à Montréal. Les prix oscillent entre 30$ et 300$.