Jusqu'à tout récemment, Tyler Clemens et Abe Burmeister avaient pour seul lien le fait d'être tous deux clients de Gimme Coffee, un café de Brooklyn. C'est là que, en 2008, la barista qui les servait les a présentés l'un à l'autre.

«Jenny, la barista, nous entendait chacun de notre côté parler de notre rêve de créer des vêtements plus adéquats pour le vélo de ville, explique M. Clemens, cofondateur des vêtements Outlier. Moi, c'était les chemises; Abe, les pantalons. Nous travaillions tous les deux à Manhattan et nous nous y rendions en vélo de Brooklyn. Nous devions tous les deux porter des vêtements de ville au travail. Et le trajet était long, ce qui signifie que c'était très dur pour nos vêtements de vélo. Jenny nous a présentés et ça a cliqué tout de suite.»

Deux ans plus tard, la société fondée grâce à leur rencontre chez Gimme Coffee, Outlier, offre une quinzaine de modèles de vêtements de ville résistant au vélo. Outlier se spécialise aussi dans les tissus ultralégers, par exemple des «pantalons si légers qu'on a l'impression d'être nu», selon M. Clemens. Leurs produits sont offerts au Canada par commande en ligne. Aux États-Unis, ils sont vendus dans cinq petits magasins et dans deux autres au Japon.

Le nom de la société, Outlier, ou «étranger», reflète le parcours iconoclaste de ses deux fondateurs. Abe Burmeister est au départ designer - il a notamment travaillé sur des dessins animés de Disney -, mais comme premier travail, il a été assistant d'un courtier new-yorkais de Morgan Stanley. En parallèle d'Outlier, il gère un blogue contre-culturel, Abstract Dynamics, où écrit notamment Sasha Frère-Jones, critique musical du New Yorker, ainsi que l'intellectuelle iranienne Reza Negarestani. Tyler Clemens, de son côté, travaillait auparavant pour une petite étiquette de disques en ligne. Le logo d'Outlier, un cygne noir, est d'ailleurs inspiré de deux petites maisons de disques aujourd'hui disparues, l'une qui faisait du jazz dans les années 20 et l'autre du reggae dans les années 60.

Les tissus qu'ils utilisent sont tout aussi hétéroclites. «Au départ, nous nous sommes rendus dans le quartier de la mode et nous avons posé des questions dans les magasins et les entrepôts, dit M. Clemens. Au fil des mois, nous avons acquis des connaissances personnelles et établi des contacts professionnels. Nous travaillons par exemple en ce moment sur un coton de la Seconde Guerre mondiale qui est fantastique. Mais nous ne dédaignons pas non plus les tissus naturels comme la laine mérinos, que j'adore.»

L'un de leurs tissus les plus innovateurs, 4Season, est fait par une société suisse, Schoeller. «Il s'étire et est presque intâchable et indestructible. Les liquides perlent sur le tissu. L'une des versions est faite suivant le motif d'une fleur de lotus, pour une résistance accrue à l'humidité et un temps de séchage record, moins de 20 minutes. Pour couronner le tout, la fabrication suit des normes environnementales suisses très sévères, avec des émissions et des déchets minimaux et sans les produits toxiques habituellement utilisés par l'industrie textile.» 4Season est fait à 80% de nylon, à 10% de polyester et à 10% d'élasthanne et peut se sécher à la machine.

Les deux Brooklynois testent leurs nouveaux produits eux-mêmes, d'abord sur un vélo stationnaire dans leur atelier, puis au cours de leurs randonnées personnelles. «Nous testons toutes les situations, dit M. Clemens. Nous prenons les vélos et les amenons au troisième étage par les escaliers, nous testons les vêtements en faisant du patin. Les tests sont l'un des aspects que j'aime le plus de mon travail.»

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