Denis Gagnon, annoncé comme le grand absent de cette 20e Semaine de la mode de Montréal, a finalement défilé hier après-midi devant une salle comble. Le couturier a créé la surprise avec une collection surprenante, saisissante... époustouflante!

Les adjectifs pourraient s'aligner par dizaines tant la collection du créateur montréalais est riche, variée et étonnante. Quelques minutes avant l'événement, Denis Gagnon nous avait confié: «J'ai peur... cette collection n'a tellement rien à voir avec les précédentes.» Et, c'est peu dire! Avec ce défilé, le couturier semble revenir à ses premières amours: le théâtre avec tout ce que cela comporte, entracte inclus, en musique pour l'occasion.

Commençons par le premier acte, qui aurait pu s'intituler «variation autour du noir». Les mannequins, coupes brunes plaquées «très années 20», se sont succédé pour notre plus grand plaisir. Les manteaux et doudounes se portent «oversize», anglicisme utilisé par le designer lui-même. Ici ou là, on remarque des fermetures éclair (clin d'oeil à ses précédentes collections) permettant de retirer le bas d'une parka, qui prend alors presque des allures de mini-jupe plissée. La fausse fourrure est partout dans ce premier tableau. Le designer l'utilise par petites touches pour créer des effets de volume, lorsqu'il n'en fait pas une veste - entièrement composée de cette matière synthétique. Il organise partout sur le vêtement des volumes hirsutes (pointe «capuche», renflement...) créant à chaque passage la surprise.

Entracte. Les mannequins disparus, le volume de la musique a crû progressivement, comme notre tension... artérielle. Mais de quoi sera faite la suite? Suspens. Les mannequins sont réapparus dans une explosion de couleurs. Ce deuxième acte, avec pour sous-titre «Et la couleur fût», avait de quoi surprendre, très agréablement. Une jupe plissée en suède couleur lilas mariée à un haut aux notes turquoise, le tout porté avec des collants fuchsia. Une robe grise en crochets très ajourés glissée sur une combinaison-pantalon en lycra rose intense. Sans oublier l'une des pièces les plus incroyables et farfelues de ce cru hivernal: une robe magistrale composée de «boas» entrelacés façon crochets géants (rose encore). Sans oublier les touches de jaune intense qui ont éclairé cette collection absolument réjouissante.

Coup de chapeau également aux bijoux massifs de l'artiste torontoise Dandi Maestre conjugués au stylisme remarquable d'Yso, à qui revient le dernier mot: «Cette collection est un mix entre Darth Vader, princesse Léa sans lulus et Mado!»

Sacré coup de théâtre!