À l'avant-veille de la cérémonie de clôture du 64e Festival de Cannes, le moment est venu de répondre à cette question cruciale, qui fait débat à l'échelle planétaire (de la mode!): «Quelles étaient les actrices les mieux habillées?» Suspense insoutenable...

Pour répondre à cette interrogation déterminante, deux de nos plus éminents créateurs de mode québécois se sont prêtés au jeu: Marie Saint Pierre et Philippe Dubuc nous dévoilent leur palmarès des plus belles robes de la Croisette.

Interrogés pour commencer sur la question de savoir si le chic à la française a, durant cette quinzaine, été respecté, les réponses tombent à pic: «Cannes a perdu de sa magie et de son chic à la française», constate avec regret Marie Saint Pierre, avant d'ajouter: «Cannes et Hollywood, même combat. Cela donne des comédiennes parfois déguisées, souvent «trop» habillées, et surtout, toujours par les mêmes marques aux moyens colossaux. Ça ne laisse aucune place aux plus petits créateurs, et c'est tout à fait regrettable!»

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Un avis partagé par Philippe Dubuc qui, en mode mineur, décrypte: «Cannes a toujours eu un côté plus décontracté du fait de son climat, mais il est vrai que de plus en plus on y sent l'effet «Hollywood» avec la profusion de silhouettes «déesses américaines» dont je ne suis pas fan. En revanche, je me réjouis de l'influence européenne et asiatique, totalement absente des célébrations américaines».

Avant de poursuivre sur ce sujet chaud bouillant, rappelons que la mode, à Cannes, on ne la vit pas uniquement le tapis rouge du Palais des festivals, mais dans une multitude de soirées où les stars se parent de leurs plus beaux atours. Autrement dit, c'est un véritable marathon glamour, point de fixation du monde entier. En pole position des événements très prisés: le traditionnel dîner de charité de l'AMFAR - avec pour maîtresse de cérémonie Sharon Stone - en faveur de la recherche contre le sida, au coude à coude avec la célèbre soirée Chopard, la maison de haute joaillerie omniprésente sur la Croisette et dont le trophée vient tout juste d'être décerné au très prometteur jeune comédien québécois Niels Schneider.

Autres incontournables de ce crû 2011, le défilé caritatif au profit de la Croix-Rouge japonaise organisé par Naomi Campbell (une occasion en or pour elle de redorer son blason usé par divers scandales) dans le cadre de son association Fashion for Relief, ou encore la fête Calvin Klein, du nom de la griffe américaine. Il y a aussi les nombreuses soirées en l'honneur des différents films en compétition - 20 en tout - ce qui donne après un calcul mental rapide, et ce, sans prendre en considération les différentes sélections parallèles: des dizaines et des dizaines de passages sur les divers tapis rouges de la Croisette - et autant de robes couture, chic, glamour, tape-à-l'oeil ou froufrouteuses.

C'est ce que nous allons voir maintenant puisqu'il est désormais temps de vous révéler le palmarès de nos deux créateurs québécois.

Pour Marie Saint Pierre, Inès de la Fressange (ex-égérie de Chanel) en robe Carven est l'incarnation de l'élégance à la française, de ce chic qui fit les grandes heures de Cannes.

Mia Wasikowska, actrice australienne révélée par Tim Burton dans Alice in Wonderland joue la carte du chic subtil et inaltérable, lovée dans une robe longue rouge de Roland Mouret porteuse d'«un raffinement très français, cette fois bien à l'opposé du traditionnel glamour hollywoodien», analyse notre designer. Sans oublier pour la bonne bouche la plus branchée de toutes, Tilda Swinton, l'actrice britannique qui, en portant son choix sur une tenue du designer Haider Ackermann, «revisite parfaitement le glamour du tapis rouge en évitant les clichés hollywoodiens».

Concernant cette dernière, Philippe Dubuc ne tarit pas d'éloges, la qualifiant de merveilleuse icône de mode. En outre, le designer penche pour «Fan Bing Bing, la comédienne chinoise très fraîche dans sa tenue traditionnelle». Puis il vote pour Gwen Stefani, la chanteuse américaine glamour en combipantalon signée Stella McCartney, ainsi que Rachel McAdams (actrice canadienne) parfaite dans une robe signée Marchesa. Impossible pour le designer québécois, reconnu pour ses collections masculines au chic épuré, de passer à côté des looks masculins. Et de constater que «Brad Pitt renouvelle parfaitement le genre du costard blanc, tandis que de son côté, Niels Schneider, en optant pour un complet sombre, fait un choix merveilleux. Je ne saurais oublier Adrien Brody, ce garçon éternellement chic».

Parmi les autres candidates à la palme de l'élégance, on pourrait citer les noms de l'actrice indienne Sonam Kapoor en Jean-Paul Gaultier couture, de Carolina Kurkova en Chanel, ou de Milla Jovovich en Prada. Finalement, nous votons en faveur du retour du smoking pour femme signé Yves Saint Laurent. N'est-ce pas là le comble du chic et l'un des symboles définitifs de l'élégance à la française? Allez dire le contraire...