Versace a fait un retour spectaculaire lundi à Paris dans la sphère de la haute couture, avec quinze silhouettes sophistiquées qui n'ont pas toujours convaincu, tandis que les Français Christophe Josse et Bouchra Jarrar ont joué, chacun dans leur registre, une partition légère et sensuelle.

PODIUM DORE - L'Italien Versace a fait un retour remarqué en couture, après huit ans d'absence, en invitant son public à découvrir debout, derrière les nuques des actrices Cameron Diaz, Diane Kruger ou Ludivine Sagnier, une quinzaine de silhouettes très ouvragées.

Après une cohue à l'entrée, dans laquelle les fashionistas étaient contenues pour laisser passer les stars et Anna Wintour, l'influente rédactrice en chef du Vogue américain en fourrure, certaines rédactrices «qui comptent» étaient happées pour faire un tour en coulisse et apercevoir la grande prêtresse Donatella, tout de noir vêtue, dans ses derniers préparatifs.

Enfin, le top model américain Karlie Kloss émerge du haut d'un escalier peint en or, dans une incroyable robe longue de dentelles et paillettes, blanche et grise scintillante façon pluie. Elle est suivie de mannequins aux pas hésitants, coiffées de queues de cheval hautes, qui descendent quelques marches avant de s'immobiliser pour la photo de groupe finale.

Des armatures courbées, en plaqué or, soulignent la hanche d'une robe bustier pour cette «guerrière glamour», comme la qualifie Donatella Versace. Le gris scintillant cède la place à du jaune vif, vert pomme, orange sanguine. Des vestes courtes façon biker et des robes de différentes longueurs se succèdent, chacune entièrement recouverte de broderies.

LIGNES GRAPHIQUES ET POÉSIE - Le couturier Christophe Josse a voulu une collection aux lignes graphiques, avec une touche de romantisme mais tout à fait 2012, et où «rien n'est tape-à-l'oeil».

Définissant la couture comme «une quête d'absolu, d'excellence», il a présenté une vingtaine d'ensembles légers et sensuels précédant une délicate mariée, qui a la chair de poule et avance avec lenteur et majesté.

Les robes apparemment les plus simples, comme ces premiers modèles en crêpe de laine, aux lignes ajourées, «ne supportent pas l'à-peu-près». Leurs formes sont architecturées mais souples.

Les modèles, aux nattes sophistiquées nouées en chignons, flottent en robes bustier en drapés d'organza ou en mousseline plissée. Du noir et des couleurs pâles mais soutenues, comme ce contraste de roses, ce violet iris ou ce vert vif.

Juste avant la mariée, tradition respectée de la haute couture, une dernière robe tourmentée en organza couleur perle, brodée d'un puzzle de croco. La jeune fille au visage angélique qui la porte ne peut s'empêcher de sourire. Un petit sourire timide mais tenace.

FOURRURE ET MAILLE - Bouchra Jarrar, formée chez Balenciaga et Lacroix, a impressionné une nouvelle fois par la justesse de ses coupes et l'élégance sobre de son vestiaire. Cette fois, elle a introduit la maille et la fourrure, notamment du blaireau, en les superposant pour former de volumineux cols.

Son premier modèle, dans un pantalon chiné bleu-gris, apparaît le dos nu, une écharpe en maille épaisse croisée sur le buste, surmontée de la douce fourrure.

Du rose poudré, un vert anglais, la styliste échappe un peu aux couleurs sombres, mais propose un manteau croisé marine très applaudi ou encore un pantalon en flanelle noir somptueux, associé à une veste marine, pour clore son défilé au musée Bourdelle.