La dernière journée des défilés, des collections de prêt-à-porter masculin pour l'hiver prochain, mardi, a vu l'apothéose d'une mode audacieuse et libre - Dsquared2 - tandis que ceux qui se voulaient ultra créatifs comme Cavalli pouvaient sembler presque «too much».

Dsquared2: des mannequins sortant de derrière des barreaux de prison, certains vêtus de combinaisons orangées, deux modèles en traînant en autre en camisole de force, d'autres portant sur le dos la mention «pénitencier de Caten», projecteurs braqués sur le public...

Les jumeaux canadiens Dean et Dan Caten, fondateurs de la griffe, avaient décidé que «le bad boy doit enfin payer ses fautes». Au son d'une musique très rock clamant «don't you know I'm loco» et «he's insane», les hommes Dsquared2 portent des revers à leur jean, à mi-mollet, et des lanières à leur blouson capables de se transformer en camisole de force. Couleurs vives, coupes recherchées, du cuir, beaucoup de jean, une collection empreinte de liberté: au final, une vraie réussite, résumée par la reprise punk de My Way.

Giorgio Armani: peu de surprises en revanche chez le couturier italien qui, dans son antre du Teatro Armani, a fait dans le classique, si ce n'est le retour du costume trois-pièces, dans différents tons de gris et dont le gilet se ferme avec six boutons. Beaucoup de cardigans en maille proches du corps, bicolores ou qui se ferment en biais sur le devant, dans le but de rendre la «silhouette masculine sportive dans sa sobriété». Les couleurs sont celles que l'on retrouve traditionnellement dans le vestiaire masculin - sable, bleu, tête-de-Maure - mais dans un esprit «délavé» afin «d'humaniser le total look» un peu trop vu ces derniers temps. Une concession, notable, au classicisme: des pantalons élargis aux cuisses et à pinces à la taille, comme des néo-sarouels de luxe.

ZZegna: la collection junior d'Ermenegildo Zegna, baptisée fort justement «la quintessence du modernisme», a joué avec les symboles, accrochant aux bras de ces mannequins des bandeaux type brassards de sportifs, afin de donner une touche sportive et de casser la silhouette. D'où des pantalons qui s'arrêtent mi-mollet à large revers, des manteaux et vestes bicolores - avec du jaune moutarde, du vert bouteille et du lie-de-vin - et des rayures, fines. Le tout dans une ambiance «renaissance Sixties, où l'humeur est graphique», dictée par une «réinterprétation des lignes» et de la géométrie.

Roberto Cavalli: pour son retour sur les passerelles milanaises, le styliste vedette a demandé à Nicolas Randall de réaliser un mini-film dans le désert californien, intitulé Categories of Being, histoire de donner le ton de la collection. «Liberté, aventure et amour», les valeurs fondamentales de l'homme Cavalli, à la fois «nomade et gentleman» sont réimaginés par l'intrusion d'éléments de la nature. Zébrures, impressions léopards, fleurs déstructurées et feuilles peintes à la main ornent des vestes militaires très napoléoniennes, sur lesquelles se balancent des colliers façon bandanas, dans un résultat quelque peu criard, mais à l'identité forte. Comme le disait le créateur avant le défilé: «je ne sais pas si c'est beau ou laid, mais en tous les cas, c'est bien du Cavalli».

Photo ANDREAS SOLARO, La Presse

Giorgio Armani