Vous aimez les objets uniques et originaux, mais tout de même abordables ? Vous voulez acheter localement, et pas seulement des légumes ? Vous aimeriez transformer votre passion secrète pour le tricot en revenu d'appoint ou même en emploi à temps plein ? En cette période de morosité économique, d'instabilité politique et d'urgence écologique, le « fait main » pourrait bien être la réponse à vos soucis de consommateur ou de créateuren herbe.

Le fait main n'est plus une petite fantaisie que l'on achète une fois l'an, au Salon des métiers d'art, ou pendant les vacances dans la boutique d'artisanat local à Saint-Glin-Glin. Grâce à l'internet, on peut aujourd'hui s'habiller de pied en cap et décorer sa maison au complet avec des articles faits à la main ici ou ailleurs. Et ceux qui tiennent à acheter localement n'ont qu'à choisir l'option « Shop local » sur le mégasite www.etsy.com. On y trouve des centaines d'artisans québécois qui vendent des objets aussi diversifiés que des têtes de mort en feutre, des manchons à tasses à café bariolés et des patrons d'adorables animaux miniatures à tricoter.

Mais que les « cybertimides » se rassurent, il n'est pas nécessaire d'être un adepte du magasinage en ligne pour faire des trouvailles pas banales. Au cours des dernières années, les boutiques d'artisanat nouveau ont poussé comme des champignons à Montréal. L'Arterie, General 54 et Local 23, Marché Montréal, Headquarters, la Coccinelle jaune, Woodenapples et Zone Orange sont parmi les plus prisées des amateurs du genre. Des activités comme Puces Pop (la grande foire artisanale du festival Pop Montréal, qui avait lieu le week-end dernier), Souk@SAT et Hotcakes (à surveiller avant Noël), fournissent également des occasions en or d'acheter directement de l'artisan.

À Montréal, le phénomène semble avoir pris naissance dans la communauté anglophone, entichée de  handmade  depuis un certain temps déjà. « Au Québec, il y a une grande tradition d'artisanat, dit Geneviève Heistek, musicienne et copropriétaire des boutiques Local 23 et Général 54, dans le Mile End. Mais jusqu'à récemment, ce qu'on retrouvait sur le marché était plutôt folklorique. Les jeunes artisans que nous encourageons dans nos boutiques, dont la plupart viennent du quartier, ont subi les influences du milieu de la musique et de la mode et se sont mis à créer des objets, vêtements et bijoux à leur image. »

Et pourquoi les anglophones ? « Peut-être parce que les anglophones fraîchement arrivés à Montréal n'ont que ça à faire ! Il viennent ici parce que c'est moins cher et que c'est une ville plutôt accueillante pour les artistes. »

C'est justement le cas de l'artiste Tyson Bodnarchuk et de sa copine designer Angie Johnson, arrivés de Winnipeg il y a quelques années. Le couple a ouvert la petite boutique-galerie Headquarters, rue Amherst, il y a deux ans. Plus d'une centaine de fournisseurs y vendent et exposent désormais leurs créations.

« L'inconvénient, lorsqu'on travaille avec les artisans, c'est qu'ils n'arrivent pas toujours à fournir, surtout lorsqu'il s'agit pour eux d'un passe-temps. Il y a beaucoup, beaucoup de demandes, aujourd'hui, pour les objets et les vêtements faits à la main, et les gens sont de plus en plus exigeants. Pas question de leur vendre des trucs hippies ou de broche à foin », explique Tyson, dans la langue de Shakespeare.

Parlez-en à la bijoutière à temps partiel Julia Vallelunga, qui est heureuse de voir l'artisanat se réinventer. « Quand on pense artisanat québécois, on pense soit grano, soit écolo, boîte de conserve coupée. Ça manque de style. »

Mais c'est de moins en moins le cas et ce n'est certainement pas le cas des colliers et boucles d'oreilles au look vintage qu'elle crée à partir d'anciens bijoux et de vieilles pièces trouvés dans les brocantes et marchés aux puces.

L'autodidacte, qui a toujours aimé travailler de ses mains, vend aujourd'hui ses créations dorées dans cinq boutiques montréalaises. Elle doit maintenant consacrer deux journées par semaine à son passe-temps. Du lundi au vendredi, elle travaille au Service d'aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE), un organisme qui aide les gens à transformer leur passe-temps en métier. Dans l'exercice de ses fonctions, elle a justement aidé plusieurs jeunes artisans et designers à se lancer en affaires. Peut-être bénéficiera-t-elle un jour de sa propre expertise !

Carnet d'adresses

Voici quelques adresses montréalaises se spécialisant dans le fait main. Dans toutes ces boutiques, on vend un éventail d'articles pour tous les goûts et toutes, mais vraiment toutes les occasions. Du réveille-matin modifié au couvre-mamelons en paillettes, en passant par les aimants à frigo flyés, les bijoux de fantaisie en tous genres, les chemisiers de secrétaire sexy, les t-shirts peints à la main, vous y trouverez des cadeaux originaux pour vos amis blasés. Pour une liste plus complète des boutiques montréalaises, on peut aussi consulter le site (en anglais seulement) www.wornjournal.com

> Headquarters, rue Amherst ; 514-678-2923

> Général 54, 54, rue Saint-Viateur Ouest ; 514-271-2129

> Local 23, 23, avenue Bernard Ouest ; 514-270-9333

> L'Arterie, 176, avenue Bernard Ouest ; 514-273-3933

> Atelier Woodenapples, 5303, avenue du Parc ; 514-315-8912

> Zone orange, 410, rue Saint-Pierre ; 514-510-5809

> Coccinelle jaune, 4236, rue Sainte-Catherine Est ; 514-259-9038

> Le Marché Mtl, 24, avenue des Pins Est ; 514-907-2482

Adresses web

www.etsy.com

Le eBay du fait main. Plus de 170 000 vendeurs, des millions d'articles faits main, dont 4037 tuques en tricot ! L'option « achat local » plaira aux adeptes de la règle des 100 milles. Pour ceux qui ne souffrent pas d'angoisse décisionnelle. En anglais seulement. www.craftmafia.com

Vous pouvez choisir de vous diriger tout de go vers le site montréalais ou bien, en choisissant l'option « Shop », accéder à un impressionnant répertoire d'artisans d'un peu partout. Découvrez les amusants accessoires de Asking for Trouble, les adorables chapeaux en crochet d'Aurora Bloom, ainsi que les balles de laine colorées et les raviolis pour chats en feutrine ( !) de Mary Jane's Attic.

www.indieshopping.com

Un répertoire de boutiques en ligne qui regorge de petits trésors, pourvu qu'on ait le temps de naviguer. Quelques trouvailles : les bijoux de The Ardent Sparrow, la papeterie de Avie Designs et de Cake + Milk Paperie, les nuisettes de Sleep With Modesty, les bandeaux pour cheveux de Love, Lulu Mae. En anglais seulement.

www.dawanda.com

Une version européenne d'esty. Moins de choix (ce qui n'est pas une mauvaise chose), mais beaucoup d'originalité. Malheureusement, pour l'achat local, on repassera... On craque néanmoins pour les petits chaussons de lutin de boutique Fripouille et les ballerines en cuir de Pleasemachine.

www.bijouxdefantaisie.com

On encourage les artisans québécois sur ce site qui, comme son nom l'indique, propose presque exclusivement des bijoux, d'une quinzaine de collections. On y trouve aussi des cartes de souhaits et des porte-clés.