Le travail de nuit et le travail posté à horaires variables, qui concernent 20% des salariés, entraînent des troubles du sommeil et une hausse des risques de pathologies, selon des spécialistes.

Lors d'un colloque vendredi au ministère de la Santé, Damien Léger, de l'Université Paris Descartes, a rappelé que le travail à horaires variables ou de nuit avait pour premier effet des troubles du sommeil.

«25 à 30% des travailleurs postés souffrent d'insomnie», a-t-il souligné, que ce soit une insomnie en soi (difficultés d'endormissement, éveils nocturnes et difficultés à se rendormir, réveil précoce) ou une insomnie par facteurs environnementaux, tels que bruit, lumière, température ou vie familiale.

Selon le Dr Léger, les travailleurs à horaires variables et de nuit dorment en outre moins que ce qui serait idéal pour eux, ce qui crée un «déficit» d'au moins une heure de sommeil par 24h. Soit, souligne-t-il, «une nuit de moins de sommeil par semaine».

Ce manque de sommeil entraîne une baisse de la vigilance, notamment sur le trajet de retour à la maison, ce qui augmente de 2 à 5,5, selon les études, les risques d'accident. Les chercheurs citent plusieurs événements dus au manque de sommeil : l'accident de la navette Challenger, Tchernobyl, l'Exxon Valdez, Bhopal, voire... le Titanic.

Le travail posté et de nuit pourrait être aussi à l'origine de troubles cardio-vasculaires. «C'est plus controversé mais il y a une grande suspicion», dit-il. Indirectement en tout cas, ce type de travail est favorable au surpoids (grignotage pour se garder éveillé, moindre activité physique), à la consommation de tabac et de café, au stress -tous facteurs aggravant le risque.

Pour la femme, le travail posté ou de nuit multiplie par 1,50 à 1,63 le risque de fausses couches spontanées, par 5,6 le risque de prématurité des naissances, et aussi de cancer du sein, où le risque est multiplié par 1,3 à 1,7.

Selon les chercheurs, cela pourrait s'expliquer par le blocage de la production de mélatonine, inhibiteur potentiel des radicaux libres, lors de l'exposition à la lumière artificielle la nuit.

Au total, selon le Dr Léger, «il y a un risque médical certain mais encore peu connu épidémiologiquement».