Le personnel médical du Centre hospitalier de l'Université McGill (CUSM) ne se lave pas toujours les mains entre deux consultations, révèle une étude publiée hier dans le quotidien The Gazette. Alors que 100% des médecins qui travaillent en salle d'opération se lavent les mains, aux étages d'hospitalisation, seulement 25% le font.

Les infirmières du CUSM font légèrement mieux que leurs collègues médecins: entre 40 et 50% d'entre elles se lavent les mains entre chaque patient.

 

Au cours de la dernière année, le CUSM a mené une dizaine de sondages auprès de son personnel afin de déterminer si le lavage des mains est une habitude acquise. Force est de constater que non. «C'est un comportement qui est difficile à changer, même si on sait qu'il faut le faire», affirme le directeur médical du contrôle des infections au CUSM, Charles Frenette.

Le CUSM a entrepris cette démarche pour répondre aux nouvelles exigences de l'organisme Agrément Canada, qui distribue les permis d'exploitation aux hôpitaux du pays. Depuis le 1er janvier, Agrément Canada demande aux hôpitaux de mener régulièrement des sondages sur les pratiques d'hygiène des mains de leur personnel.

Les hôpitaux doivent ensuite améliorer leurs résultats au fil des ans, sous peine de se voir retirer leur permis d'exploitation.

Pour le microbiologiste Karl Weiss, l'importance du lavage des mains en milieu hospitalier n'est plus à faire. «Les mains sont un vecteur important de transmission des maladies. Très peu de virus ou de bactéries résistent au lavage des mains», explique-t-il.

Au XIXe siècle, un médecin viennois a mené une expérience auprès de deux groupes de femmes qui accouchaient. Dans un seul des groupes, les médecins se lavaient les mains entre chaque accouchement. «Dans le groupe où on se lavait les mains, le taux de mortalité et d'infection était nettement plus faible», raconte le Dr Weiss.

Selon le Dr Weiss, l'habitude de se laver les mains s'est perdue au Québec dans les années 70 et 80. «On pensait qu'avec la médecine moderne, on pourrait tout régler, dit le Dr Weiss. Il y a aussi une question culturelle. Dans les pays scandinaves, plus d'emphase a été mise sur cette habitude.»

Le personnel du CUSM évoque plusieurs raisons pour justifier le fait de ne pas se laver les mains. «On entend souvent qu'ils manquent de temps», constate M. Frenette. Il est vrai qu'une infirmière aux soins intensifs qui se lave les mains entre chaque patient peut faire ce geste des dizaines de fois chaque heure.

«Mais maintenant qu'on a remplacé le lavage de main traditionnel par des gels alcoolisés, se laver les mains prend environ trois secondes. Ce n'est pas beaucoup», commente le Dr Weiss.