Un gel vaginal s'est révélé prometteur contre l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida, selon les résultats d'un essai clinique étendu conduit en Afrique et aux États-Unis publiés lundi.

Ce microbicide appelé PRO 2000 du laboratoire américain Indevus Pharmaceuticals à Lexington (Massachusetts) s'est révélé sans danger et efficace pour environ 30% des participantes, précisent les auteurs de cette étude présentée à la conférence annuelle sur les rétrovirus (CROI) qui se tient cette semaine à Montréal (Canada). Ce taux est quasiment à la limite des 33% considérés comme statistiquement significatifs.

Il s'agit de la première étude clinique menée sur des humains laissant penser qu'un gel ou une crème microbicide appliquée localement dans le vagin ou le rectum pourrait empêcher la transmission du VIH ou d'autres infections transmises sexuellement.

«Bien que davantage de données soient nécessaires pour déterminer clairement si PRO 2000 protège les femmes contre l'infection par le VIH, les résultats de cette étude sont encourageants», a déclaré le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) des Instituts nationaux américains de la santé (NIH) qui ont financé une partie de cet essai clinique.

Cet essai clinique de phase 2, qui portait sur plus de 3000 femmes est la première étude étendue des NIH testant un microbicide vaginal contre le VIH.

«Un microbicide efficace serait un moyen pratique que les femmes pourraient utiliser pour se protéger contre le VIH et qui réduirait nettement le nombre des nouvelles infections dans le monde», a-t-il ajouté dans un communiqué.

«Cette étude offre un espoir à des millions de femmes à risque de se faire infecter par le le VIH, surtout chez les jeunes femmes en Afrique», relève le Dr Salim Abdool Karim, du centre des programmes de recherche sur le sida en Afrique du Sud et principal auteur de cette étude.

Actuellement, les femmes adultes comptent pour la moitié de tous les séropositifs dans le monde.

Dans plusieurs pays d'Afrique septentrionale, les jeunes femmes sont au moins trois fois plus à risque de devenir séropositives que les jeunes hommes, selon les NIH.

Un microbicide efficace serait particulièrement utile dans des situations dans lesquelles il est difficile ou impossible pour une femme de refuser une relation sexuelle ou d'obtenir l'accord de son partenaire pour utiliser un préservatif.

Cet essai clinique baptisé HPTN 035, a débuté en 2005 mobilisant 3099 participantes dans six centres en Afrique et un aux États-Unis.

L'étude a testé deux gels microbicides pour déterminer leur innocuité et leurs capacités à empêcher l'infection par le VIH. Il s'agit du PRO 2000 et du BufferGel du laboratoire ReProtect Inc. à Baltimore (Maryland).

L'analyse finale a montré que 194 femmes de l'étude sont devenues séropositives dont 36 dans le sous-groupe du PRO 2000, 54 dans celui ayant testé le BufferGel, 51 dans le groupe du placebo et 53 chez celles n'ayant utilisé aucun gel.

Le PRO 2000 a été efficace à 30% tandis que BufferGel n'a eu aucun effet notable.

Les résultats d'un autre essai clinique de phase III du PRO 2000 actuellement en cours avec près 9.400 femmes en Afrique sont attendus en août 2009.