Longtemps considéré comme le cancre de la lutte contre le tabagisme au Canada, le Québec remonte tranquillement la pente, révèlent de nouvelles données publiées par Statistique Canada. Alors que le nombre de fumeurs stagne au pays, leur nombre ne cesse de diminuer au Québec.

«Il semble que le Québec soit en train d'effectuer un important rattrapage en ce qui a trait à la lutte contre le tabagisme», confirme Sylvain Tremblay, analyste pour Statistique Canada.

 

M. Tremblay a dressé ce constat après avoir analysé les données 2008 de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Plus de 65 000 citoyens canadiens ont été interrogés sur leur état de santé et sur les facteurs influençant leur santé.

L'enquête montre qu'aujourd'hui 21% des Canadiens fument contre 23% des Québécois. «Mais le taux de tabagisme est le même au pays depuis 2003 alors qu'au Québec, il ne cesse de diminuer», commente M. Tremblay.

L'exposition à la fumée secondaire à la maison a aussi subi une baisse spectaculaire cette année au Québec. Alors que le taux était de 12% l'an dernier, il est maintenant de 9,7%. Le Canada fait toujours mieux que le Québec à ce chapitre avec un taux d'exposition à la fumée secondaire de 7%. «Mais on voit que le Québec tolère de moins en moins la cigarette», note M. Tremblay. La preuve: en 2003, 33% des ménages interdisaient la cigarette dans leur foyer contre 54% aujourd'hui.

Selon la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, l'amélioration des performances du Québec est fort possiblement liées aux nouvelles législations qui interdisent la cigarette dans les lieux de travail et les espaces publics. «La population est de plus en plus sensibilisée à la problématique de la fumée secondaire. Je connais de plus en plus de gens qui vont fumer sur leur balcon plutôt que dans leur maison», affirme le porte-parole de la Coalition, Louis Gauvin.

Si le Québec a longtemps traîné la patte dans la lutte contre le tabagisme, c'est qu'il a «commencé plus tard à légiférer», estime M. Gauvin. «Mais le Québec rattrape tranquillement le train», dit-il.

De plus en plus gros

Comme aux États-Unis, le nombre de personnes obèses ne cesse d'augmenter au Canada, révèle aussi l'enquête de Statistique Canada. En 2008, 17% des Canadiens étaient obèses contre 15% en 2003.

La cofondatrice de la Coalition contre l'obésité morbide, Jennifer Schultz, n'est pas surprise de voir que le taux d'obésité augmente au Canada. «On sait aussi que le nombre d'obèses morbides augmente encore plus au Canada depuis quelques années», dit-elle. Pour être considéré comme un obèse morbide, une personne doit présenter au moins 45 kg de surplus de poids.

Selon Mme Schultz, plusieurs facteurs expliquent la hausse du nombre d'obèses au pays. «Ce serait impossible de tous les nommer, dit-elle. Mais parmi les plus fréquemment invoqués, on trouve l'augmentation de la grosseur des portions et les choix de société.»

Le nombre de personnes faisant de l'embonpoint est stable depuis cinq ans (34%). Mais la situation pourrait être pire qu'elle n'y paraît selon Statistique Canada, car les répondants ont tendance «à surévaluer leur taille et à sous-évaluer leur poids».

L'embonpoint n'est pas sans conséquence sur la santé des Canadiens. Il augmente de beaucoup le risque d'avoir des problèmes de santé chroniques, tels que le diabète de type 2 et les maladies du coeur.

Quand on parle de problèmes de poids, le Québec est un peu mieux que l'ensemble du pays avec un taux d'obésité de 15,5%, une amélioration de 0,4% par rapport à l'an dernier. Mais si la province francophone présente moins d'obèses, ce n'est certainement pas parce qu'elle est la plus active. Seulement 47% des Québécois disent faire de l'exercice modéré ou intense durant leurs loisirs contre 51% des Canadiens. Ce niveau d'activité équivaut à au moins 30 minutes de marche par jour ou une heure d'activité physique trois fois par semaine.

Par ailleurs, la consommation massive d'alcool est aussi en hausse au Québec. Le nombre d'hommes disant prendre cinq verres ou plus d'alcool en une même occasion, au moins une fois par mois durant la dernière année est de 25,8%, une hausse de 1% par rapport à 2003. Chez les femmes, la proportion est de 9,2%.

 

L'accès aux médecins de plus en plus difficile

De moins en moins de Canadiens ont accès à un médecin de famille. En 2008, seulement 84% de la population était suivie régulièrement par un médecin, contre 86% en 2003. Et le phénomène est bien pire au Québec, où seulement 73% des citoyens ont accès à un suivi médical régulier.

La majorité des personnes sans médecin reconnaissent ne pas en chercher un. Mais 43% des Canadiens sans médecin ne sont pas parvenus à en trouver un car aucun n'était disponible dans leur région ou aucun n'acceptait de nouveaux patients.

Pour se faire soigner, la majorité des personnes sans médecin se tourne vers les cliniques sans rendez-vous (58%). Mais pour 15% d'entre elles, la meilleure solution reste les urgences.

Lacoursière, Ariane

 

88 % des montréalais se disent satisfaits

La région de Montréal est celle où le taux de gens se disant satisfaits de leur vie est inférieur à la moyenne (88%, contre 92,5%). Les régions supérieures à la moyenne sont le Bas-Saint-Laurent, la Mauricie, l'Outaouais, la Côte-Nord, la Gaspésie et Chaudière-Appalaches.

Les trois régions où les gens sont le moins stressés sont le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay/Lac-Saint-Jean et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.

Source: Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes